Manon Garcia est professeure de philosophie morale et politique à l’université libre de Berlin, spécialiste des notions de consentement et de soumission. À la cour criminelle du Vaucluse, celle qui vient de publier Vivre avec les hommes (Flammarion) a découvert des accusés incapables d’introspection, sûrs de leur « droit au sexe », et les limites du procès pénal face aux violences sexuelles.
Comment allez-vous, trois mois après l’issue du procès ?
Paradoxalement, ça va mieux. Je crois qu’avoir écrit ce livre m’a protégée, car j’ai essayé par la pensée de transformer quelque chose d’horrible en point de départ pour penser le changement. Travailler sur cette analyse m’a aidée : je redors, alors que je ne dormais plus très bien pendant le procès, ni dans le temps qui a suivi. Mais cette affaire a eu un gros impact sur mon optimisme.
Son ampleur, le fait que Dominique Pelicot ait pu trouver autant d’hommes dans un rayon géographique si petit, le peu d’intérêt de beaucoup d’hommes pour le procès… Cela m’a vraiment accablée. Je me suis dit que même le procès pénal ne marche pas pour la prise de conscience des hommes.
Pourquoi avoir choisi une écriture plus intime, plus personnelle que philosophique pour ce livre, contrairement aux précédents ?