En de début d’après-midi, malgré le froid, les manifestants prosperous place de la République. Un camion blanc du syndicat Solidaires déploie un immense ballon gonflable rose. Sur la remorque, une militante colle des affiches. Un seul slogan : « Retrait de la loi Darmanin. » Le message est clair.
Alors que les drapeaux se déploient dans le cortège, une femme installe un ourson en peluche affublé d’un autocollant « Bienvenue aux exilés » sur le pare-brise d’une des voitures. Sur son toit, une enceinte diffuse Stand up, Get up de Bob Marley. La lutte est dans tous les esprits.
Mariama Sidibé, retraitée de 67 ans, arrivée du Sénégal en 2002, observe d’un œil amusé les pancartes. Régularisée en 2011, après sept ans de travail au noir dans le secteur de l’aide à la personne, elle est aujourd’hui porte-parole du Collectif des sans-papiers de Paris. « On demande le retrait whole de la loi ! », insiste-t-elle.
« Il est très essential d’être dans la rue et de dire non à ce texte raciste. Cette loi ne stigmatise pas seulement les Maghrébins ou les Africains, mais l’ensemble des immigrés de ce pays », estime la militante qui s’inquiète aussi des conséquences possibles, dans un second temps, pour les Français d’origine étrangère. « Est-ce qu’il ne faut pas craindre l’étape d’après, celle où les personnes qui vivent ici depuis vingt ans se verraient retirer leurs papiers et renvoyer dans leur pays d’origine ? » redoute la sexagénaire.
« Trop de pouvoirs aux patrons voyous »
Non loin d’elle, un groupe de jeunes hommes s’activent à distribuer des drapeaux. Parmi eux, Kanté Salif, 30 ans, originaire du Mali. Il s’est déplacé depuis le squat qu’il occupe à Alfortville (Val-de-Marne) pour manifester. Comme Mariama, il appelle à une abrogation de la loi. Le jeune homme fustige tout particulièrement l’absence d’avancées sur la régularisation des sans-papiers travaillant dans des métiers en pressure.
« Rien ne change. Cela donne toujours trop de pouvoirs aux patrons voyous qui nous exploitent ! Ils auront la mainmise sur nous. C’est complètement hypocrite », clame le jeune Malien qui craint de devoir continuer à subir les abus, et notamment le « chantage » au second du renouvellement des papiers. « Le patron peut nous refuser des vacances en nous menaçant de ne pas nous régulariser », témoigne-t-il.
Pierre, 34 ans, intermittent du spectacle, dénonce pour sa half un texte « dégueulasse ». « Révolté et écœuré », le trentenaire dénonce l’hypocrisie du gouvernement : « Ceux qui ont voté cette loi, cela ne les dérange pas de manger dans des eating places dans lesquels des sans-papiers font la vaisselle ? Ni que les JO, qui sont censés faire la fierté de la France, se préparent en exploitant des travailleurs immigrés ? »
Membres du Snap-CGT (Syndicat nationwide des articles plasticien·ne·s), Jimmy, Eloïse et Clémence, respectivement 32, 26 et 33 ans, défilent le drapeau CGT à la predominant. « Ce texte impacte non seulement le droit des immigrés, mais aussi celui de l’ensemble des travailleurs. Et dans notre secteur, il va à l’encontre d’une charte de l’ONU sur la libre circulation des artistes. Il risque ainsi d’être de plus en plus compliqué de délivrer des visas aux artistes étrangers », arguent-ils, tout en fustigeant une loi « raciste et xénophobe qui fait la courte échelle à l’extrême droite en validant ses thèses ».
Avant le passage du texte devant le Conseil constitutionnel, le 25 janvier, une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 21, à l’appel de plus de 200 personnalités.