Par ici une candidate qui arbore fièrement une casquette de Waffen SS. Par là, une autre exhibant tout sourire son tee-shirt suprémaciste « White Pride Worldwide ». Et maintenant le blog ouvertement antisémite et homophobe du candidat RN de la 4e circonscription de l’Essonne, Jérôme Carbriand – déniché par l’Humanité – qui s’ajoute à la longue liste des casseroles racistes et antisémites des aspirants députés dégotés par le parti à la flamme.
Lors du premier tour des élections législatives, dimanche dernier, ce dernier a pourtant été porté au sommet par les habitants de Montlhéry. En tête du scrutin avec 38,48 % des voix dans cette commune, il devance le candidat Ensemble (32,41 %). Les révélations autour de ses écrits rédigés entre 2012 et 2014, prétendant que les Juifs « soutiennent une mondialisation autodestructrice de toutes les nations » ou « qu’un sujet pédéraste a raté un stade de sa sexualité », non pour le moment pas eu d’effet majeur sur sa campagne.
« Moi j’ai voté RN, et je le referai au second tour »
Cigarette à la main, posture nonchalante, Jérôme s’accorde une petite pause au soleil sur la place centrale animée, devant l’agence postale. Le peintre décorateur de 49 ans originaire du département l’assume fièrement : « Moi j’ai voté RN, et je le referai au second tour ».
Malgré les casseroles révélées sur son candidat ? Assurément. Et sa démonstration se veut implacable. Selon lui, les médias montent en épingle cette affaire alors que, selon lui, le seul camp problématique autour de la question juive est à trouver à gauche, chez les insoumis en particulier. « Aujourd’hui, le RN fait plus pour les juifs que les autres partis ! », insiste-t-il, avant de souffler : « Qui n’a jamais fait d’erreur ? »
Dans cette tranquille bourgade francilienne, dont les nombreux petits commerces du centre-ville témoignent d’une certaine prospérité, une préoccupation est régulièrement brandie : une soi-disant insécurité qui serait, pour beaucoup, provoquée par l’immigration.
« Et les viols, on sait par qui ils sont commis. Pas par des blancs »
Jérôme, habitant de Corbeil-Essonnes
Face à cette obsession, les propos antisémites et homophobes du candidat ne semblent pas bien peser lourd. C’est ce qu’affirme Jérôme, qui craint pour ses deux filles de 11 et 14 ans. Surtout depuis la démolition de quatre tours du quartier prioritaire des Tarterêts à Corbeil-Essonnes entre 2023 et 2024, qui aurait, selon lui, ramené « la racaille ici ». « Et les viols, on sait par qui ils sont commis. Pas par des blancs », lance-t-il, assurant le constater à la télé. À Montlhéry, pourtant, la dernière affaire de viol médiatisée remonte à 2015. Et concerne un instituteur chef scout de la commune condamné pour le viol de petits garçons.
Une désinhibition grandissante
Si les propos discriminants du candidat ne semblent donc pas constituer un repoussoir, ils deviennent même pour certains une autorisation à exprimer les idées racistes les plus débridées. Eric, 57 ans, d’origine tunisienne, électeur assumé de Reconquête et « adorateur d’Israël », s’arrête pour discuter.
Les propos antisémites et homophobes du candidat, il « s’en fout », avoue-t-il sans complexe. Car, selon lui, « un homme politique c’est un peu comme un acteur. Il y a ce qu’il fait dans le privé et ça le regarde. Moi, ce sont son positionnement public et son programme qui m’intéressent ». Sous ses yeux, deux jeunes femmes voilées sortent du grand parking de la place du marché. « Voilà, les Français en ont marre de ça ! », lâche-t-il, avant une dernière outrance : « Les Palestiniens peuvent se faire démolir, je m’en fous. Ils ne respectent rien ces gens-là ».
De l’autre côté de la grand-place, deux amies, l’une imposante, l’autre fluette, reviennent bras dessus bras dessous de la boucherie charcuterie. Claudine et Isabelle, retraitées, prévoyaient de couler de vieux jours paisibles dans la commune adjacente de Marcoussis.
C’était sans compter, d’après elle, sur la construction de logements sociaux qui ont changé le visage de ses habitants. « Il y a des Arabes maintenant ! », soufflent-elles en chœur. C’est pourquoi leur vote pour Jérôme Carbriand est une évidence, peu importent ses propos. « Et l’autre chanson des racailles [N.D.L.R. : No Pasaran, composée par une vingtaine de rappeurs contre le Rassemblement national]ils en ont parlé peut-être ? », poursuit la première.
Ils ? Ces médias qu’elles assimilent à « des cons ». À l’exclusion de Cnews ou Valeurs actuelles, « seul journal potable » à leurs yeux, qui ont rempli leurs grilles et leurs pages d’indignation autour de cette chanson. Mais pas autour des dérapages et des pedigrees des candidats du RN…
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.Je veux en savoir plus