Depuis l’attaque brutale du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les analystes de l’info et le public se sont concentrés sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son rôle dans l’échec des companies de renseignement qui a précédé l’attaque, au cours de laquelle 1 400 personnes ont été tuées.
Dans d’autres démocraties parlementaires, un échec de cette ampleur coûterait normalement leur emploi aux dirigeants, ou au moins susciterait des contestations de leur management.
Mais un examen plus attentif de l’histoire politique de Netanyahu montre qu’il n’est pas comme les autres dirigeants.
Au cours des 24 dernières années, il a été succesful non seulement de survivre à la impolite et percutante arène politique israélienne, mais aussi d’y rester au prime. Malgré de nombreux revers et défis qui auraient pu mettre fin à la carrière d’autres dirigeants, Netanyahu est revenu à la tête de son parti et a pris le poste de Premier ministre, encore et encore. Son premier mandat, de 1996 à 1999, s’est soldé par une défaite humiliante. Mais il est revenu à la tête de son parti fin 2005. Entre 2009 et 2023, il a pu former cinq fois un gouvernement de coalition.
Il est doable que cette fois-ci soit différente et que l’échec du gouvernement ait été si dévastateur pour les Israéliens que Netanyahu ne parviendra pas à s’en remettre. Une semaine après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, une petite majorité d’Israéliens souhaitait la démission de Netanyahu.
Mais d’après son histoire, il pourrait survivre à ce scandale.
Monsieur la Sécurité ?
Netanyahu a remporté sa première élection en mai 1996, battant de peu le chief travailliste Shimon Peres. Il s’agissait du premier vote partagé du pays, au cours duquel les citoyens votaient à la fois pour un parti qui les représenterait au Parlement et pour un candidat au poste de Premier ministre. Netanyahu a gagné en affirmant qu’il pouvait mieux protéger les Israéliens à la suite d’une imprecise d’attaques terroristes en février et mars de la même année, qui avaient tué plus de 50 citoyens.
Depuis lors, les commentateurs, notamment à l’étranger, l’ont décrit comme une sorte de protecteur d’Israël. En 2012, le Time a publié un article de couverture intitulé Netanyahu « le roi Bibi ». Un post-octobre. Un article de 7 dans International Coverage le qualifiait de « M. Sécurité », un nom que les Israéliens eux-mêmes auraient utilisé.
Netanyahu n’a jamais présidé aucun processus militaire ou diplomatique inclined de renforcer la sécurité israélienne ; plutôt l’inverse. Ses mandats ont été marqués par plusieurs échecs et erreurs de calcul en matière de renseignement, par l’attentat du 7 octobre et une guerre non concluante avec le Hamas en 2014. Il a été inculpé de corruption en 2019, mais son procès n’est pas encore terminé.
En tant que spécialiste de la politique israélienne, j’ai vu Netanyahu surfer sur la imprecise de droite pour conquérir le pouvoir à plusieurs reprises depuis le milieu des années 1990.
Il est clair pour moi que sa capacité à remporter les élections ne repose pas sur sa propre clairvoyance politique et sa réputation de défenseur efficace d’Israël, mais plutôt sur une fonction du système politique israélien et sur sa capacité à faire des promesses farfelues aux partenaires potentiels de la coalition.
La route vers le pouvoir
Les succès politiques de Netanyahu sont souvent le résultat de la décision apparente du public selon laquelle il est le meilleur parmi une série de mauvais choix.
Le système électoral israélien produit des résultats fragmentés. Il est courant que des dizaines de partis se présentent à une élection et que dix d’entre eux obtiennent une représentation à la Knesset, l’organe législatif israélien. Un gouvernement est formé par négociation entre les partis, jusqu’à ce qu’une coalition obtienne 61 voix – une majorité easy – sur les 120 sièges de la Knesset.
L’existence de tant de partis, représentant une gamme de factors de vue sur la faith dans la sphère publique, le conflit israélo-palestinien, le sionisme et la relation entre l’État juif et ses citoyens arabes, offre à celui qui ambitionne de devenir Premier ministre des choices lorsqu’il essaie de pour bricoler une coalition.
Parce que tous les partis le savent, et qu’ils savent qu’ils peuvent menacer de rejoindre un gouvernement dirigé par quelqu’un d’autre, des promesses doivent être faites à ces partis par les dirigeants potentiels pour garantir leur place dans le gouvernement et leur soutien à la Knesset.
Ces promesses peuvent inclure l’offre de postes ministériels aux dirigeants des partis ou l’engagement de fournir davantage de financements gouvernementaux à certaines communautés religieuses.
Promesses faites
Netanyahu a excellé dans les promesses visant à rester au pouvoir ou à accéder au pouvoir, même lorsqu’elles allaient à l’encontre de ce que souhaite la majorité des Israéliens et de ses propres engagements antérieurs.
L’exemple le plus flagrant s’est produit après les élections de 2022, lorsque Netanyahu a formé un gouvernement avec des partis d’extrême droite et fascistes. Certaines de ses promesses comprenaient la création d’une milice sous le contrôle d’Itamar Ben Gvir, chef du parti Otzma Yehudit, largement connu pour son racisme anti-arabe.
Une autre promesse faite par Netanyahu pour inciter les membres de la Knesset à le rejoindre dans une coalition était de réformer le système judiciaire, en réduisant son indépendance et en en faisant un outil du gouvernement. Cette promesse est devenue une loi et a déclenché ce qui est devenu des manifestations hebdomadaires contre cette politique considérée comme une menace pour la démocratie israélienne, attirant des centaines de milliers d’Israéliens.
Les promesses de plus en plus extrêmes de Netanyahu témoignent d’un désespoir né de la peur de perdre le pouvoir. Cela n’est pas surprenant puisque lors de chaque élection depuis 2009, son parti a à peine obtenu la majorité des voix. S’il ne parvient pas à former une coalition majoritaire, un autre parti et son chef le pourront.
Le pourcentage le plus élevé du vote populaire que son parti, le Likoud, ait jamais remporté était de 29 %, en 2020. Même alors, le principal rival du Likoud, le parti Kakhol lavan, a remporté 27 % des voix. Depuis lors, lors d’autres élections, le Likoud a remporté environ 24 ou 25 % des voix.
Netanyahu lui-même est plus populaire que son parti, mais pas de beaucoup. Dans la plupart des élections auxquelles Netanyahu a participé à la tête du Likoud, les résultats ont généralement montré qu’un peu plus de la moitié des électeurs l’avaient soutenu par rapport à ses plus proches rivaux.
Ce soutien découle en partie de ses longues années en politique. Netanyahu est une personnalité bien établie, les électeurs sont donc rassurés de choisir un candidat bien connu.
À la tête du Likoud, il a dirigé l’un des plus anciens grands partis du pays. Et même si sa half des sièges a diminué au fil des années, le Likoud reste fermement ancré dans la constellation politique israélienne. Il peut être difficile pour les observateurs de démêler le soutien à Netanyahu du soutien au parti.
Enfin, aucun gouvernement israélien n’a exercé un mandat complet de quatre ans depuis 1988, ce qui a obligé à convoquer de nouvelles élections. Les partenaires de la coalition craignent constamment qu’une nouvelle élection ne les affaiblisse. Soutenir Netanyahu et le Likoud a souvent été le meilleur moyen d’éviter de nouvelles élections.
Il se pourrait donc que, contrairement aux attentes, Netanyahu soit succesful de survivre aux catastrophes comme il l’a fait auparavant et de rester un acteur politique israélien.