Avis par Francine Pickup (Les Nations Unies)lundi 17 juin 2024Inter Press Service
NATIONS UNIES, 17 juin (IPS) – 58 pour cent des personnes interrogées dans le cadre d’une enquête mondiale estiment que leur système politique a été capturé par une élite corrompue, obsolète et irréformable. La corruption prospère dans des environnements caractérisés par une gouvernance faible, où la transparence, la responsabilité et la prise de décision publique sont compromises par des conflits d’intérêts et des ingérences politiques.
La 21e Conférence IACC-Anti-corruption aura lieu à Vilnius, en Lituanie, du 18 au 21 juin.
Les efforts visant à combattre la corruption et à restaurer la confiance dans la gouvernance doivent traduire les principes fondamentaux de la bonne gouvernance – diffusion de l’information, transparence, intégrité, responsabilité et participation – en actions concrètes dans tous les secteurs.
La 21e Conférence internationale contre la corruption (IACC) se tiendra à Vilnius, en Lituanie, sous le thème « Faire face aux menaces mondiales : défendre l’intégrité » du 18 au 21 juin.
Il rassemble divers participants, allant des chefs d’État aux représentants de la société civile, en passant par des jeunes militants, des chefs d’entreprise et des journalistes d’investigation du monde entier.
L’IACC se présente comme la principale plateforme mondiale biennale multipartite sur la lutte contre la corruption, attirant environ 1 500 participants dans le monde. Depuis 2003, le PNUD, en partenariat avec la GIZ/BMZ et le Département d’État américain, a joué un rôle central dans l’élaboration du discours et de l’agenda mondial de lutte contre la corruption à travers la série IACC.
Les conversations que nous aurons à Vilnius dans les prochains jours sont essentielles pour quatre raisons :
Premièrement, la réunion se déroule dans un contexte de crises complexes et multiformes : changement climatique, conflits, tensions géopolitiques, polarisation, érosion démocratique, volatilité économique et technologies de pointe non réglementées – chacune d’elles posant une menace aux acquis du développement durement acquis.
Le dernier Rapport sur le développement humain 2023-2024 souligne un écart croissant en matière de développement humain, lourd de dangers de revers irréversibles. La corruption reste un obstacle important au progrès du développement équitable, exacerbant les inégalités existantes et réduisant encore davantage la confiance des citoyens dans la gouvernance.
En cette époque tumultueuse, la 21e IACC doit galvaniser des actions collectives soutenues, des partenariats et des stratégies concrètes pour lutter contre la corruption. Ses résultats devraient alimenter le Sommet des Nations Unies sur le futur de 2024 et la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement de 2025, car ces plateformes offrent des opportunités vitales pour rajeunir le multilatéralisme et favoriser un esprit de coopération et de partenariat internationaux pour relever nos défis communs.
L’IACC peut également accélérer la dynamique d’action collective et favoriser des partenariats efficaces en abordant les thèmes centraux des trois Conventions de Rio – la biodiversité, le changement climatique et la désertification – qui convergent toutes cette année.
Les délits forestiers, notamment la combustion non réglementée du charbon de bois et les mauvaises pratiques des entreprises à grande échelle dans les secteurs du bois, du papier et de la pâte à papier, entraînant une déforestation importante, ont un impact critique sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre, les réserves d’eau, la désertification et les régimes de précipitations.
Dans le même temps, de nombreux pays ont également besoin de toute urgence de financements climatiques afin d’investir dans l’adaptation et l’atténuation du changement climatique.
Une action climatique efficace repose sur des institutions solides, ce qui nécessite une approche coordonnée pour lutter contre la corruption et protéger les initiatives environnementales contre tout compromis.
Deuxièmement, le thème de l’IACC, « Faire face aux menaces mondiales : défendre l’intégrité », élargit la portée du programme de gouvernance et de lutte contre la corruption pour aborder une série de questions, notamment la résolution des conflits, l’action climatique, la sécurité mondiale et la sécurité humaine, garantissant également l’intégrité dans le financement du développement et le déploiement de technologies de pointe.
Les résultats de l’IACC joueront un rôle déterminant dans la poursuite des efforts mondiaux visant à placer la gouvernance et la lutte contre la corruption au centre du programme de développement mondial, en s’appuyant sur des expériences telles que l’initiative Data in Climate Resilient Agriculture (DiCRA) en Inde. La numérisation et les données ouvertes peuvent lutter contre la corruption en réduisant le pouvoir discrétionnaire, en augmentant la transparence et en permettant la responsabilisation en limitant les interactions humaines.
Cette collaboration multipartite pour le partage de données – impliquant les gouvernements, les organismes de recherche, les citoyens et les scientifiques des données du monde entier – promeut l’innovation ouverte et la transparence pour renforcer la résilience climatique dans l’agriculture.
Troisièmement, les liens entre le financement du développement durable et la solidité des systèmes de gouvernance, tant aux niveaux national que mondial, seront au centre des discussions. Alors que le cadre financier mondial est aux prises avec les conséquences de multiples crises, 4 000 milliards de dollars sont nécessaires pour combler le déficit de financement et atteindre les objectifs de développement durable (ODD).
La qualité de la gouvernance dans n’importe quel pays détermine l’efficacité de ses mécanismes et politiques de financement, tandis que la disponibilité d’un financement solide influence également la stabilité et la qualité des systèmes de gouvernance.
Une rupture dans l’un ou l’autre de ces domaines met en péril le contrat social, exacerbant les crises, les organismes internationaux et les gouvernements étant trop concentrés sur des réponses réactionnaires et à court terme. Des réformes urgentes sont nécessaires dans les systèmes de gouvernance nationaux et mondiaux pour prévenir la corruption et les flux financiers illicites et accélérer les progrès vers les ODD.
Quatrièmement, en ces temps difficiles, les pays doivent être capables d’évaluer l’impact de leurs initiatives et réformes anti-corruption et, surtout, de tirer les leçons de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas.
La conférence offre une plate-forme pour introduire des approches innovantes pour mesurer la corruption, en s’appuyant sur le travail du PNUD avec ses partenaires dans ce domaine. Des méthodologies de mesure robustes sont fondamentales, car sans outils et méthodologies standardisés, il est difficile de collecter des données et des preuves pour éclairer les décisions politiques sur les réformes anti-corruption.
Au PNUD, nous nous efforçons de garantir que chaque dollar dépensé soit consacré aux activités de développement tout en renforçant le statut du PNUD en tant que partenaire de confiance dans l’obtention de résultats de développement. Le portail de transparence du PNUD est l’engagement du PNUD à garantir la transparence, la responsabilité, ainsi qu’une auto-réflexion et un apprentissage continus avec le soutien d’évaluations indépendantes, d’audits et de mécanismes de contrôle. Le site permet au public d’accéder à des données sur plus de 10 000 projets du PNUD.
La lutte contre la corruption nécessite des partenariats efficaces et innovants, une allocation accrue de ressources et un engagement soutenu dans les efforts de lutte contre la corruption, y compris dans les environnements politiques complexes dans lesquels le PNUD travaille, comme en Ukraine.
Ce n’est qu’alors que les pays pourront relever efficacement les défis interdépendants auxquels ils sont confrontés et restaurer la confiance dans la gouvernance. Les discussions du 21e IACC joueront un rôle central dans l’élaboration du programme mondial de lutte contre la corruption pour le prochain exercice biennal.
Francine Pickup est directrice adjointe du Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du PNUD
IPS UN Bureau
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