Déviation de la RN 113, développement des zones économiques, naissance de Lunel Agglo… Entretien sur les principaux dossiers du Lunellois avec le député Renaissance de la circonscription Lunel-Montpellier.
Direz-vous, comme le sénateur Jean-Pierre Grand, que la déviation de la RN 113 « c’est plié dans 5 ans » ?
Certainement pas. J’étais favorable à un partenariat public-privé avec Vinci Autoroutes, ce qui aurait permis de trouver les financements. Mais l’État a voulu un contrat de plan avec la Région.On a pu financer 6 M€ d’études, grâce d’ailleurs à Claude Barral et au Département qui a amené 1 M€. Elles ont été réalisées. Mais maintenant, entre la déviation de Baillargues et de Lunel, il faut trouver 100 M€.Le projet n’est pas abandonné mais il faut être honnête, il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’État. Ce sera donc très compliqué et je ne suis pas optimiste. Je pense aussi que ce projet correspond à ce qui ne se fera plus demain. Doit-on encore en faire une priorité ? Il faut peut-être mettre l’argent dans la réflexion sur les nouvelles mobilités.
Lunel Agglo fait de la réalisation de nouvelles zones d’activité une priorité ; Est-ce pertinent à l’heure de la Zéro artificialisation nette ?
J’ai voté la loi Zéro artificialisation nette (ZAN) mais je le regrette. Sans zone d’activité, sans logements nouveaux, il n’y a pas de ville émergente. Et j’estime qu’il faut abaisser le niveau de compensation environnementale lorsqu’on aménage un espace où l’on trouve une espèce protégée.Arrêtons d’emmerder les gens. D’ailleurs, le maire de Marsillargues Patrice Speziale m’a récemment interrogé sur l’assouplissement de la Loi littoral afin de permettre aux agriculteurs de la plaine de construire un hangar. J’y suis favorable et on va y travailler.
Mais qui dit nouvelles zones d’activité ou d’habitation, dit déplacements en hausse. D’où la nécessité de dévier la RN 113…
Si on met des moyennes entreprises, il n’y aura pas davantage de camions et les salariés s’installeront sur le territoire. Je crois qu’il y a une relation nouvelle aux déplacements.Je parie à l’avenir sur une baisse du trafic routier. Et je suis favorable aussi à la densification des cœurs de ville mais pour arriver à absorber la demande en logements – 60 000 par an – ça ne suffira pas. Lunel est à 15 minutes de Nîmes et de Montpellier en train. Pierre Soujol doit maintenant travailler sur les mobilités douces. C’est une ville plate et sécurisée, les piétons, les vélos et les trottinettes doivent y avoir toute leur place. Lunel peut être émergente dans ce domaine.
Lunel comme bon nombre de villes se trouve dans un contexte financier tendu. Que pense le député de cette situation ?
Depuis que je suis député, l’État a investi 53 M€ dans le centre-ville de Lunel, 32 M€ dans le déplacement de la gendarmerie, 9,80 M€ dans le futur pôle gérontologique. Jamais personne n’a autant amené d’argent à Lunel. Mais il y a une réalité économique locale : la ville a été bien gérée par Claude Arnaud comme elle l’est par Pierre Soujol. Mais elle manque de recettes fiscales. Il faut qu’elle se batte pour être autonome financièrement. Géographiquement, cette ville a tout pour réussir entre Montpellier, Nîmes et La Grande-Motte. Soujol va réussir la réhabilitation du centre-ville et il dispose de terrains. Il faut attirer des investisseurs privés. Il peut le faire grâce au déménagement de l’hôpital République. On peut sortir 60 à 80 appartements. La cible, ce sont les 30-40 ans : des catégories moyennes avec du pouvoir d’achat.Il faut aussi faire venir des entreprises et le tourisme. Dans ce domaine, le canal constitue une richesse pour Lunel dans les années à venir. On peut, un jour, imaginer y faire venir les touristes d’avril à octobre. Par ailleurs, ça ne me gênerait pas que Lunel s’endette pour poursuivre la dynamique impulsée par Lunel Ose.
La Ville s’inquiète aussi d’une possible baisse des dotations de l’État en 2025. La redoutez-vous aussi ?
Ce ne sera pas le cas. On ne peut pas assécher les collectivités locales. Il va falloir aller chercher les très très gros profits et taper à la porte de Pouyanné et Tavarès.Pensez-vous que la Ville soutient suffisamment ses commerçants qui souffrent des grands travaux ?Elle n’a pas le droit de les indemniser mais elle peut étendre l’exonération des terrasses. Je ne suis pas inquiet pour les commerces car une fois que la ville sera embellie et que la communication suivra, le chantier sera oublié.
En janvier le Pays de Lunel est devenu Lunel Agglo. Et maintenant ?
Maintenant, la priorité c’est de grandir. Je le répète depuis 2013 : il faut une fusion entre les intercommunalités de Terre de Camargue, du Pays de l’Or et de Lunel. 3+8+14, ça fait 25 communes. Montpellier, c’est 31. Cette grande agglo serait de taille à établir un rapport de force avec Nîmes et Montpellier et la dotation de l’État pourrait doubler. Et grâce à Soujol, Lunel a une nouvelle image. On a donc tout pour se marier. Ce territoire aurait 4 ports, 21 km de plage, l’agriculture, la viticulture et la Petite Camargue.La clé, dans tout ça, c’est le président du Pays de l’Or et maire de La Grande-Motte Stéphan Rossignol qui la détient. C’est un très bon président, il sait manager. Par ailleurs, je dis aux Pescalunes comme aux Melgoriens qu’il faut avoir une vision à 50 ans car avec l’extension de Nîmes et de Montpellier, l’entre-soi fera crever ce territoire.
La rumeur vous donne candidat aux municipales, un jour à Lunel, un autre à Mauguio. Auriez-vous envie de (re) tenter votre chance ?
Chaque fois que je me déplace dans une ville, on me voit candidat. C’est faux. Mauguio a un très bon maire, qui m’a toujours soutenu et je ne trahis pas mes amis. Quant à Lunel, j’apprécie cette ville, j’y fais mon job.Je regrette que certains Lunellois ne soient pas au courant de tout ce que j’ai amené mais on me prête des ambitions alors que je considère que Pierre Soujol fait bien son boulot.J’ai seulement l’intention de continuer à l’aider et à le soutenir. Je l’ai déjà dit : la seule chose qui pourrait me faire évoluer, c’est si Pierre Soujol ne pouvait pas se représenter et que le RN soit en position de l’emporter. Sinon, je ne serai candidat ni à Mauguio, ni à Lunel, ni à Saint-Nazaire-de-Pézan.
Centres médicaux de soins immédiats : c’est non !
« Avec les maisons de santé, la clinique et l’hôpital, ce territoire dispose aujourd’hui d’une vraie offre de santé, tout est également sur les rails avec l’Agence régionale pour le transfert de l’hôpital République vers le futur pôle de gérontologie. Mais je vais faire la guerre aux centres médicaux de soins immédiats (CMSI) », annonce le député Patrick Vignal.Ce dernier n’est pas tendre avec ces structures qui émergent : « Je suis contre ces CMSI développées par des urgentistes qui ont déserté la médecine publique et privée. Ils ne sont pas médecins traitants et pratiquent énormément d’actes très rémunérateurs. Je vais aller au combat contre eux », lance-t-il.Vendredi 17 mai, Patrick Vignal annonce qu’il va réunir l’ensemble des responsables de la santé du territoire et insiste sur son intention de « partir au combat ».Le parlementaire insiste : « Il n’y aura pas de centres médicaux de soins immédiats sur mon territoire et j’ai le soutien de l’ARS, qui est contre ces structures. Je ne veux pas de mercenaires de la médecine mais des médecins qui prennent le temps avec leurs patients. »
Épiceries de nuit, bars à chicha… dans le viseur du parlementaire
Auteur de la loi sur le changement de nom, et d’une proposition de loi qui devrait aboutir en fin d’année sur la formation de médiateurs sociaux, Patrick Vignal souhaite travailler maintenant sur l’encadrement de l’activité de certains commerces.Le député vise les épiceries de nuit, les bars à chicha et autres barbiers de nuit et, par ricochet, la vente de tabac et d’alcool. « Dans les bars à chicha, seulement 5 % du tabac vendu est français. Je veux lutter contre le tabac de contrebande ou la contrefaçon qui fait perdre 7 milliards d’euros à l’État chaque année car sur un paquet de cigarettes à 12,50 €, Bruno (Le Maire, NDLR) prend 10 € », sourit le parlementaire.Pour commencer, Patrick Vignal souhaite travailler avec l’Hérault et le Gard et s’appuyer sur les préfets respectifs, François-Xavier Lauch et Jérôme Bonnet. L’élu souhaite notamment alourdir les durées de fermeture de ces commerces en cas d’infraction. « Je veux que ceux qui enfreignent la Loi prennent au minimum 6 mois de fermeture administrative et jusqu’à un an. Et je veux empêcher qu’ils puissent avoir plusieurs locaux, être en cogérance ou faire du click and collect », explique-t-il. Le parlementaire souhaiterait également donner au maire un pouvoir de régulation dans l’implantation d’un commerce.