Les députés du parti lepéniste vont pouvoir continuer de fanfaronner. Le gouvernement vient de leur donner de nouveaux gages en promettant de mettre sur la table, dès « début 2025 », l’examen d’une nouvelle loi immigration pour permettre notamment, selon la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, « la prolongation » de « la rétention administrative » des personnes en situation irrégulière.
C’est un changement de cap flagrant par rapport aux déclarations du premier ministre, Michel Barnier, qui en avait écarté l’idée, début octobre, jugeant qu’il y avait, en matière d’immigration, des « progrès possibles mais dans le cadre de la loi actuelle ».
Jordan Bardella se réjouit de cette évolution, assurant qu’il ne faut y voir « aucun deal » du genre « loi immigration contre vote du budget ».
Les mesures censurées il y a moins d’un an de nouveau sur la table
Le protégé de Marine Le Pen a toutefois décidé de ne pas appeler ses députés à déposer ou voter la moindre motion de censure dans l’hypothèse d’une adoption du budget via l’article 49.3. Au contraire même, il veut apparaître comme constructif en faisant des propositions budgétaires au gouvernement comme celle de « casser le tabou de l’immigration de guichet social » en « restreignant la générosité de l’État français aux citoyens français ».
Préférence nationale, quotas, délit de séjour irrégulier, renvoi des étudiants étrangers, restriction du regroupement familial et du droit du sol, la plupart de ces mesures, contenues dans la loi sur l’immigration, adoptée il y a moins d’un an par le Parlement, et censurées, dans la foulée, par le Conseil constitutionnel, devraient servir « de base pour le nouveau projet de loi sur l’immigration », assure-t-on de source gouvernementale.
« Je regrette beaucoup que le Conseil constitutionnel ait retoqué une grosse partie de ces mesures uniquement sur la forme et pas sur le fond, confie la députée communiste Elsa Faucillon. Ça permet aujourd’hui au ministre de l’Intérieur de penser qu’il va pouvoir replacer une partie de ces articles dans un futur texte. Ça n’aurait pas été possible si les “sages” avaient tranché sur le fond. Il y avait largement matière à le faire. »
« Une attaque directe contre nos principes humanistes »
Les déclarations de Bruno Retailleau sur l’État de droit ont donné le ton. L’exécutif entend, en effet, déroger le plus possible à tout ce qui est censé protéger les droits fondamentaux des personnes exilées, c’est-à-dire les textes internationaux sur l’égalité en droit ou sur le droit d’asile.
« Le moteur idéologique de ce gouvernement a des relents très racistes, insiste encore la députée des Hauts-de-Seine. La terminologie employée évoquant “droits-de-l’hommisme”, “laxisme”, etc., est une attaque directe contre nos principes humanistes et la cohésion sociale. »
Les associations engagées dans la solidarité avec les personnes exilées font le même constat. Pour la présidente de France terre d’asile, Najat Vallaud-Belkacem, par exemple, le ministre de l’Intérieur « n’a que le mot “République” à la bouche, mais il ne voit pourtant aucun problème à l’abîmer à jet continu, en trahissant tout ce qu’incarne la France dans la défense des droits humains ». Rien qui ne déplaise, en somme, aux députés du Rassemblement national.
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