Une semaine de négociations n’aura pas permis d’aboutir à un traité mondial contre la pollution plastique. Après deux ans de pourparlers, les quelque 170 pays réunis depuis le 25 novembre à Busan, en Corée du Sud, ont échoué à parvenir à un accord dimanche 1er décembre à l’occasion de la cinquième et dernière réunion du Comité intergouvernemental de négociations pour un traité contre la pollution plastique (INC-5).
« Plusieurs questions critiques nous empêchent toujours de parvenir à un accord général. Ces questions non résolues demeurent épineuses, et plus de temps sera nécessaire pour les résoudre de façon efficace », a déclaré l’ambassadeur équatorien Luis Vayas Valdivieso, le diplomate qui préside les négociations. « Nous devons construire sur les progrès qui ont été accomplis. Il y a un accord général pour reprendre la session à une date ultérieure. »
Un dialogue de sourds
La frustration s’est accrue tout au long de la semaine au sein de la « Coalition des hautes ambitions », regroupant des pays favorables à un traité fort s’attaquant à l’ensemble du « cycle de vie » du plastique, c’est-à-dire de la production des polymères à base de produits pétroliers jusqu’à la gestion des déchets plastiques.
Cette coalition s’opposait à un petit groupe de pays – essentiellement des producteurs de pétrole – mené par la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran, qui estiment que le futur traité doit uniquement concerner la gestion des déchets et le recyclage des déchets plastiques. Face au dialogue de sourd, plusieurs pays ont demandé dimanche 1er décembre l’arrêt des pourparlers et qu’une nouvelle date soit fixée ultérieurement.
« Les obstructions continuent »
Le groupe de pays récalcitrants « a pratiqué la tactique de l’écrasement, l’abus du pouvoir de veto », a raconté à l’AFP un diplomate sous le couvert de l’anonymat. « On a vu jusqu’à 60 interventions de cinq minutes chacune pour changer une simple phrase » du projet d’accord. « Nous préférons partir d’ici sans accord qu’avec un mauvais accord. » « Il y a encore des pays qui continuent de faire de l’obstruction », a déclaré de son côté la ministre française de l’Énergie, Olga Givernet.
Le délégué koweïtien, chargé d’exprimer à la fin des négociations le point de vue du groupe de pays opposés à un accord prévoyant des réductions de production a déclaré que « l’objet de ce traité est d’en finir avec la pollution plastique, pas avec le plastique en soi. Nous n’avons entendu aucune proposition sur ce qui pourrait remplacer le plastique. » Un représentant iranien a pour sa part reconnu « l’écart considérable » entre les positions des États. « Nous restons déterminés à poursuivre des négociations constructives », a-t-il précisé.
« Trouver des convergences »
Les délégués des pays ambitieux ont cependant tenu à clore la conférence de Busan sur un ton positif. « Nous avons réalisé des progrès indispensables sur une série de questions qui seront cruciales pour que le traité atteigne son objectif de protection de la santé humaine et de l’environnement contre les effets néfastes de la pollution plastique », a déclaré la cheffe de la délégation rwandaise, Juliet Kabera, lors de la séance plénière.
Comme l’a souligné la ministre française de l’énergie, réfutant tout « échec du multilatéralisme », « Busan a aussi permis d’écouter et j’espère de mieux comprendre les positions des uns et des autres. Nous devons construire sur ces acquis et poursuivre les négociations en impliquant davantage le niveau politique, afin de dépasser les différences qui ont empêché d’aboutir, aujourd’hui. Et trouver des convergences. »
Plus tôt dans la semaine, une centaine de pays s’étaient joints à une proposition du Panama pour graver dans le marbre le principe d’une réduction de la production de plastique, demandé par les pays les plus exigeants, tout en renvoyant à plus tard la question des objectifs chiffrés. Si rien n’est fait, la pollution plastique pourrait tripler dans le monde d’ici 2060, après également un triplement de la production mondiale à 1,2 milliard de tonnes contre 460 millions de tonnes en 2019, selon un calcul de l’OCDE.
La Terre de nos batailles
La justice climatique, c’est notre bataille. Celle qui relie luttes environnementales et sociales pour contrer un système capitaliste faisant ventre de tout. Du vivant, de la planète, de notre humanité.
Il n’y a pas de fatalité.
Nous démasquons les manipulations des lobbies.
Nous battons en brèche les dénis climatiques mortifères.
Nous mettons en valeur les initiatives visant à réduire les inégalités environnementales et les fractures sociales.
Soutenez-nous.Je veux en savoir plus