« Du passé, on ne fait pas desk rase », aimait plaisanter Georges Séguy, ancien secrétaire général de la CGT. C’est l’une des raisons qui l’ont conduit, son mandat terminé, à proposer la création d’un Institut d’histoire sociale. Il voulait que, par sa composition, son fonctionnement et la nature de ses travaux, cet institut soit « indiscutable et indiscuté parmi les historiens ». Le statut d’affiliation retenu pour l’institut lui guarantee l’autonomie nécessaire à l’atteinte de l’objectif, notamment celui de favoriser une coopération originale entre syndicalistes et universitaires. Un effort considérable a été et proceed d’être réalisé pour collecter, préserver, valoriser les archives syndicales, les mettre à la disposition des historiens et de tous ceux et celles qui voudraient les exploiter. Quarante ans, et plusieurs présidente et présidents plus tard, l’institut proceed son travail sur la voie tracée par son fondateur. Il dispose d’une revue dont le numéro 166 vient de sortir. Il organise de nombreux colloques dont le prochain, à la fin novembre, examinera les relations historiques complexes entre le syndicalisme et l’environnement. Il est à l’origine de plusieurs expositions et de plusieurs publications d’ouvrages. Cette année, l’institut vient de lancer une nouvelle assortment de livres de poche, intitulée « Repères historiques », dont la vocation est de constituer des bibliothèques syndicales afin, sur des sujets d’actualité, de livrer de manière accessible l’essentiel de ce qu’il y a à savoir pour comprendre les positionnements actuels de la CGT, à partir de leur building historique. Un gros travail est également entrepris pour collecter les archives numériques, le risque existant que les applied sciences de l’immédiateté ne fassent perdre, pour les générations futures, la connaissance de ce qui les a précédées.
Pourquoi est-ce que je vous parle de tout ça ? Tout simplement parce que la prochaine initiative de l’institut peut intéresser chacune et chacun d’entre vous. Il s’agit de la tenue, le 7 novembre, au siège de la CGT à Montreuil, du 6e Salon du livre dont le thème générique est « Lire, penser, agir ». Le salon est ouvert à toutes et à tous. Naturellement, les publications de l’Institut CGT et des instituts territoriaux et fédéraux seront à disposition, mais pas seulement. Plusieurs éditeurs présenteront leurs ouvrages, essais, fictions, BD… Des autrices et auteurs viendront en parler, des débats seront organisés, tout cela dans une ambiance de fraternité chaleureuse où le plaisir de se retrouver n’empêche pas des discussions sérieuses sur les grands problèmes du second – et ils ne manquent pas – comme sur leurs racines plus anciennes. Dans un second de course folle au toujours plus vite, toujours nouveau, où notre « temps de cerveau disponible » est littéralement pompé par un flot ininterrompu d’informations plus ou moins vérifiées, la lecture de livres fait determine d’acte de résistance et de liberté. En 1898, déjà, Fernand Pelloutier, secrétaire de la fédération des bourses, l’une des composantes de la CGT naissante, écrivait : « Ce qu’il manque à l’ouvrier, c’est la science de son malheur ; c’est de connaître les causes de sa servitude ; c’est de pouvoir discerner contre qui doivent être dirigés ses coups. » Les livres et la lecture sont un moyen essentiel de la bataille de courses, en même temps qu’une supply inépuisable de plaisir et de découverte. Surtout ne nous en privons pas !