Le montant global des économies à envisager dès 2025 pour ramener les comptes publics vers l’équilibre estparticulièrement élevé. À croire que par l’affichage de montants spectaculaires, le premier Ministre ait vouludramatiser et marquer les esprits. Toutes les composantes de la dépense publique seront mises à contribution. Pour réduire le déficit de 6,1 % du PIB en 2024 à 5 % dès l’année 2025, le gouvernement souhaite diminuer les dépenses de 40 milliards d’euros en sollicitant les ministères, les opérateurs de l’État ou encore les collectivités locales. Les administrations de la Sécurité sociale n’échapperont pas à cet effort de grande ampleur.Parmi les mesures d’économies prévues dans le budget de l’année prochaine figure le report du 1er janvier 2025 au 1er juillet 2025 de l’ajustement des pensions de retraite. Cette revalorisation des retraites était destinée initialement à tenir compte de l’inflation passée que subissaient les retraités et avait conduit à un ajustement des pensions de 5,3 % au premier janvier 2024. La mesure annoncée pour 2025 frappera 14 millions de personnes affiliées à un régime obligatoire de base et représente une économie de 4 milliards d’Euros.
Concrètement, cette décision va leur faire perdre six mois de revalorisation. Pour une personne ayant une retraite de base de 1 700 euros bruts, le manque à gagner sera par exemple de 34 euros par mois, soit un cumul de 204 euros sur six mois, Elle ne concerne pas pour le moment les retraites complémentaires.Monsieur Barnier fait tout pour accréditer l’idée qu’il ne s’agit nullement d’un gel des retraites, mais seulement d’un « report technique de leur ajustement sur l’inflation ». Les retraités apprécieront la nuance. Au total, d’après le dernier rapport du Conseil d’Orientation des Retraites qui a procédé à des calculs sur des cas types, la perte de pouvoir d’achat dans la dernière période pour bon nombre de retraités va se situer entre 5 % et 10.8 %.Le Président de la République avait semblé apporter sa parole, mi-juin, pour exclure toute mesure qui « ferait des retraites une variable d’ajustement ». Arguant de la persistance de déficits prévisibles du système de retraite, la mesure s’accompagne d’appels à revenir à l’équilibre et risque, – hélas ! – de ne pas demeurer exceptionnelle. Que le Président le veuille ou non le débat sur la désindexation des pensions est relancé.