Envoyé spécial à Vierzon et à Bourges (Cher)
Attablé dans la brasserie Au bureau, dans le centre de Vierzon, Ahmed Taoussi parle presque à voix basse. Les mots sont mesurés. L’ancien président départemental de La République en marche (LaREM), aujourd’hui au Modem, revient sur cette intense semaine d’entre-deux-tours des législatives qui a vu le candidat macroniste, Gabriel Behaghel, se désister au profit du candidat Nouveau Front populaire (NFP), le communiste Nicolas Sansu. « Il ne fallait pas que la circonscription bascule dans les mains du Rassemblement national (RN), assure-t-il, cela aurait envoyé un message terrible. »
Le Vierzonnais met aussi en avant la dimension locale pour expliquer ce « réflexe républicain » : « Le RN n’a aucune solution concrète à apporter à notre territoire, il ne cherche qu’à faire la distinction entre les gens. » Ahmed Taoussi reproche au candidat d’extrême droite Bastian Duenas de ne jamais prendre en compte la réalité du haut Berry. « Comment ce parti aurait-il pu défendre le secteur hospitalier, alors que la plupart des hôpitaux de la région ne fonctionnent que grâce à un certain nombre de médecins étrangers ? »
« L’équation était simple : si je reste au second tour, le RN gagne »
Dans cette circonscription, la 2e du Cher, le score du RN a été multiplié par deux entre le premier tour des législatives 2022 et celles de 2024. Ahmed Taoussi pointe « l’absence de services publics » pour expliquer cette percée et la difficulté de faire comprendre aux électeurs que « ce qu’on observe sur le terrain, ce ne sont pas des décisions qui ont été prises ces dernières années, mais il y a trente ans », oubliant au passage que la majorité macroniste a contribué à esquinter les services publics, ces sept dernières années, dans une circonscription qui a plongé en termes de revenu par habitant.