Une prime Macron comme solde de tout compte. Dans une enquête publiée en octobre dernier, l’Insee assure que les salaires des métiers de la « deuxième ligne » ont chuté, une fois l’inflation prise en compte, de 0,7 % entre 2019 et 2022.
Ces 6,8 millions de travailleurs, soit 29 % des salariés du secteur privé, ont été indispensables pour tenir face à la pandémie. Regroupées en 17 familles de métiers, ces professions ont la particularité « d’occuper un emploi difficile à exercer en télétravail et indispensable à la continuité économique et sociale du pays », rappelle l’institut d’études statistiques.
Dans son adresse aux Français du 13 avril 2020, Emmanuel Macron saluait « nos agriculteurs, nos enseignants, nos chauffeurs routiers, livreurs, électriciens, manutentionnaires, caissiers et caissières, nos éboueurs, personnels de sécurité et de nettoyage » qui « tous ont permis à la vie de continuer au fond ». Mais, dans les faits, l’exécutif se refusant d’augmenter le Smic et d’ouvrir une conférence salariale ambitieuse, la seule perspective de reconnaissance a été permise par l’octroi de primes.
Des travailleurs essentiels impactées par les temps partiels
Ainsi, en 2020, les travailleurs de « deuxième ligne » ont plus bénéficié de primes exceptionnelles, telle la prime de pouvoir d’achat devenue prime du partage de la valeur, que les autres salariés du privé. Selon l’Insee, en pleine pandémie, ils étaient 15 % à en bénéficier, pour un montant moyen de 584 euros, contre 19 % des autres ouvriers ou employés du privé, qui ont perçu un montant moyen de 576 euros.
Une dynamique qui ne s’est pas inscrite dans le temps : en 2022, les bénéficiaires de ces primes sont moins nombreux au sein de la deuxième ligne (21 %) que parmi les autres employés et ouvriers (24 %) ou parmi l’ensemble du privé (26 %), constate l’institut. « Les aides à domicile ont eu l’impression de ne pas avoir été reconnues pour le travail réalisé en pleine épidémie, alors que, dans la branche, les premiers niveaux de salaire étaient en dessous du Smic », tance Laetitia Maure de la CGT.
Dans cette profession à 93,2 % féminine, « il a fallu attendre avril 2021 pour voir le gouvernement agréer l’avenant 43 qui relevait les niveaux de branche, avant que la prime Ségur de 183 euros promise à tous les personnels de première ligne nous soit aussi versée. Depuis, l’inflation est passée par là », insiste la représentante syndicale et animatrice du collectif des aides à domicile de la CGT.
Si des accords de branche ont abouti chez les transporteurs routiers (+6 % en 2022) et dans la sécurité prévention (+5 % en 2024, +3,2 % en 2025 et +2,8 % en 2026), la situation reste précaire chez les aides à domicile. « Le Smic a été réévalué, ce qui a mécaniquement mis les premiers niveaux de salaire de la convention collective en dessous du salaire minimum. Un nouvel avenant résolvant le problème a été voté par les syndicats et les employeurs. Mais le gouvernement refuse de l’agréer. On se retrouve donc avec une profession qui a de très gros problèmes à recruter », déplore encore Laetitia Maure.
Avec seulement 75 % de ses salariés qui occupent un emploi à temps complet, soit 3,3 points de moins que dans le reste du secteur privé, les employés des métiers de la deuxième ligne sont les plus impactés par les temps partiels.
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