Nichée au centre d’une vaste salle de vente aux enchères, dotée de murs en fake marbre et flanquée de deux panneaux cramoisis, se trouve la petite voiture électrique Wuling beige. Ses roues sont entourées d’une mer de papier doré tandis qu’il accueille chaleureusement les shoppers potentiels au sein de la résidence Binjiang, un vaste complexe situé au nord de Xi’an, dans le centre de la Chine.
A côté de la voiture, un cuiseur à riz, un purificateur d’air, un réfrigérateur et une imposante bouilloire électrique. Autant de cadeaux offerts à ceux qui achètent un appartement auprès de ce promoteur, qui peine à trouver preneur au second où le marché immobilier chinois traverse une crise sans précédent. “Les cadeaux valent environ 40.000 yuans (5.175 euros), mais si vous n’en voulez pas, nous pouvons vous donner de l’argent directement”, a expliqué un agent immobilier en costume.
La pratique est courante en Chine. Officiellement, les promoteurs ne sont pas autorisés à baisser les prix au-delà d’une certaine fourchette, souvent fixée par les autorités locales à 10 ou 15 % des prix moyens. Certains développeurs ont été accusés de « baisses de prix malveillantes ».
Une richesse d’inventivité
En mai, deux entreprises de la ville de Kunshan, près de Shanghai, ont été condamnées à une amende pour avoir proposé des réductions de prix de 25 % sans autorisation. La réduction non autorisée a affecté les ventes de maisons voisines, perturbant l’ordre regular du marché, a expliqué le régulateur immobilier native à la presse chinoise.
En réponse, les promoteurs immobiliers ont fait preuve d’une grande inventivité pour contourner ces restrictions : ils proposent souvent une décoration intérieure, des locations de parking gratuites et parfois même des lingots d’or à l’achat d’un bien immobilier. En 2022, certains ont accepté des paiements en ail ou en pastèques.
Résultat : malgré deux années de crise immobilière, les prix officiels sont quasiment stables. Selon la China Index Academy, un cupboard de conseil en immobilier, les prix des biens immobiliers neufs ont chuté de 0,2 % l’année dernière et ceux des biens immobiliers d’event de 2,4 %. En l’absence de baisse des prix, le nombre de transactions immobilières a plongé de 19,1 % sur un an en août, et au moins 80 promoteurs chinois supplémentaires ont fait défaut au cours des deux dernières années.
Arsenal de mesures
La volonté de contrôler les prix dans une fourchette étroite remonte à 2016. Au lendemain d’une année sombre pour l’immobilier, les autorités avaient assoupli les achats et abaissé les taux d’intérêt au level que les prix repartaient à la hausse. Dans certaines villes, les prix ont augmenté de 20 à 30 % l’année suivante.
Pour limiter ces mouvements, alors orientés à la hausse, les autorités locales ont imposé des limites aux mouvements de prix, en plus d’un arsenal de mesures de restriction des achats : augmentation des acomptes, limites d’achat de résidences secondaires, restrictions pour les non-résidents. Aujourd’hui, des dizaines de communes font marche arrière pour tenter de relancer ce marché moribond.
Il vous reste 33,56% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.