Avis de Jamison Ervin, Anna Giulia Medri (Les Nations Unies)Vendredi 9 août 2024Inter Press Service
NATIONS UNIES, 09 août (IPS) – Les lauréats du Prix Équateur de cette année sont l’antidote dont nous avons besoin dans un monde en crise. Plus tôt cette année, le Forum économique mondial a publié son rapport annuel sur les risques. Les principales conclusions ont mis en évidence la tendance inéluctable de la dernière décennie à faire face à une polycrise mondiale, dans laquelle les problèmes de perte de biodiversité, de changement climatique, d’inégalité, de pénurie d’eau et de conflit sont de plus en plus indivisibles, simultanés et systémiques.
Le terme « polycrise » apparaît de plus en plus dans le discours mondial. Le Financial Times a cité la « polycrise » comme « l’année en un mot » pour 2023.
Les liens entre la nature et le climat sont particulièrement étroits. Si elle est protégée, restaurée et bien gérée, la nature peut répondre à plus d’un tiers de nos besoins en matière d’atténuation du changement climatique et est essentielle pour nous adapter aux impacts du changement climatique.
D’un autre côté, les pratiques actuelles de sylviculture, de conversion des terres et d’agriculture conventionnelle sont responsables d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. Autrement dit, il est impossible d’atteindre un avenir à 1,5°C sans repenser notre façon de penser, de valoriser et de gérer la nature.
Pour faire face à la crise environnementale et climatique, nous avons besoin de solutions intégrées et multidimensionnelles qui restaurent notre planète, luttent contre le changement climatique et aident les populations à prospérer. Nous avons besoin de repères – d’exemples pratiques – pour montrer comment nous pouvons mettre en œuvre des solutions intégrées qui protègent et restaurent la nature, retiennent le carbone dans le sol, protègent les communautés et préservent les moyens de subsistance, la sécurité de l’eau et le bien-être.
Les solutions intégrées pour la nature et le climat sont particulièrement cruciales pour les plus de trois milliards de personnes qui dépendent directement de la nature pour leurs moyens de subsistance et leurs besoins quotidiens, qui sont en première ligne face aux impacts du changement climatique et de la perte de biodiversité, et qui sont les mieux placées pour mettre en œuvre des solutions locales.
Le thème du Prix Équateur de cette année était « La nature au service de l’action climatique ». Les 11 lauréats, sélectionnés parmi plus de 600 candidatures, illustrent le potentiel transformateur des solutions fondées sur la nature mises en œuvre par les peuples autochtones et les collectivités locales pour lutter contre la crise climatique.
Originaires du Brésil, du Bangladesh, de Colombie, d’Iran, du Kenya, du Maroc, du Sénégal et de Zambie, ils défendent des initiatives qui non seulement protègent, conservent et restaurent les écosystèmes, mais intègrent également la nature dans les cadres de planification, renforcent la résilience aux impacts du changement climatique et favorisent une économie verte juste, inclusive et circulaire.
Au Brésil, l’União dos Povos Indígenas do Vale do Javari, une organisation à but non lucratif dirigée par des autochtones représentant le deuxième plus grand territoire autochtone du Brésil dans la vallée du Javari, d’une superficie de 8,5 millions d’hectares, s’efforce de défendre les droits constitutionnels, de préserver les connaissances traditionnelles et de sauvegarder leur territoire partagé.
En Colombie, la Federación Mesa Nacional del Café (FEMNCAFÉ) regroupe 28 associations de café, qui défendent la réintégration économique, sociale et communautaire des signataires de l’accord de paix colombien aux côtés des communautés locales.
En réduisant les inégalités entre les producteurs de café, en démocratisant les connaissances techniques et en promouvant une agriculture résiliente au changement climatique, ils s’attaquent aux disparités agraires, stimulent les économies rurales et relèvent de front les défis du changement climatique.
Au Kenya, l’Indigenous Livelihoods Enhancement Partners (ILEPA) se concentre sur la conservation de l’environnement et le développement durable de la communauté Maasaï, en développant la défense des droits fonciers, en luttant contre le changement climatique et la perte de biodiversité et en promouvant des moyens de subsistance basés sur la nature.
Au Bangladesh, le Sundarbans Eco Village restaure les forêts de mangrove, garantit les moyens de subsistance des pêcheurs, développe l’écotourisme et renforce la résilience climatique.
Les lauréats du Prix Équateur montrent au monde comment mettre en œuvre des solutions intégrées qui permettent de protéger, de restaurer et de gérer la nature, de lutter contre la crise climatique et d’atteindre les objectifs locaux de développement durable. Mais nous avons également une occasion sans précédent de suivre leur exemple.
Au cours des 18 prochains mois, presque tous les pays vont peaufiner leurs plans nationaux en matière de biodiversité et de climat, avec la possibilité d’aligner ces plans et de réaliser des avancées audacieuses dans les domaines de la nature et du climat.
Si le « mot de l’année » pour 2023 était polycrise, espérons que le « mot de l’année » pour 2025 sera « polysolutions », où à tous les niveaux, du local au national en passant par le mondial, le monde reconnaît, défend et met en œuvre des solutions, des plans, des engagements et des actions intégrés, multiformes et alignés, au service de la nature, du climat et des populations.
Les lauréats du Prix Équateur de cette année nous montrent déjà la voie à suivre !
Jamison Ervin est responsable du Programme mondial sur la nature pour le développement au PNUD ; Anna Giulia Medri est chargée de programme principale à l’Initiative Équateur au PNUD.
Source : PNUD
IPS UN Bureau
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