Si la légende veut que le Père Noël prépare les cadeaux pour les enfants méritants, quelque half dans le Grand Nord, aidé d’une armée de lutins au contrat de travail pas bien défini, l’homme à la barbe vénérable peut aussi compter sur de gentils organisateurs pour que sa venue et sa distribution de paquets soient une fête assurée. Stéphane et Franck El Baz sont de ceux-là. Il est même arrivé que les deux frères suppléent le personnage légendaire une fois ou deux. Mais ne le dites à personne.
Dans leur fabrique à fêtes dont nous tairons la localisation pour ne pas divulguer tous les secrets and techniques de Noël, ces deux titis parisiens nés dans le 19e arrondissement possèdent la panoplie copie conforme du héros rouge. Entre autres déguisements. Automobile, malheureusement pour lui, le père à la barbe fleurie n’a plus le monopole du cœur. Les super-héros d’Avengers et les copains sorciers de Harry Potter ont presque autant la cote auprès des bambins. Même fin décembre. Tout fout le camp.
La grotte d’Alibaba
Descendre dans l’antre des El Baz, c’est accéder à une caverne d’Alibaba avec tout le nécessaire pour rendre guillerettes ces prochaines semaines. Forcément, en cette période, des sapins, des guirlandes colorées, avec ou sans fausse neige et houx artificiel, des paquets rouge fuchsia enserrés d’un massive nœud vert brillant remplissent des cartons et des caisses, tout proches de l’entrée et prêts à être embarqués. Un joyeux Père Noël culbuto d’un bon mètre de haut fait mine de sauter dans le camion. À moins qu’il ne soit coiffé au poteau par des chevaux en peluche à roulettes. Et comme il en faut pour tous les publics, un baby-foot classic et un flipper Charlie’s Angels peuvent rapidement entrer dans la partie.
Dans une pièce adjacente, un gonfleur à hélium souffle sans discontinuer avant d’expirer. Burn-out. Les ballons en profitent pour se carapater. Franck se dresse pour les dompter, vérifiant en direct la maxime affichée sur un mur : « Un adulte créatif est un enfant qui a survécu. » Après vingt-cinq ans d’aventure, le patron fondateur de Que la fête begin ne compte pas s’arrêter là. La veille, ses équipes organisaient une soirée antillaise dans les Yvelines. Ce samedi, un anniversaire avec une quinzaine d’enfants à Paris. Dimanche, deux fêtes pour des comités d’entreprise : 150 enfants ici, 60 là. On est loin des 1 200 convives d’une grande entreprise, file en cours pour une fête organisée. Mais, au vu du planning affiché au mur, tous les week-ends de décembre vont clore l’activité 2023 en beauté.
Une mécanique bien rodée
À côté de son frère gestionnaire, Stéphane El Baz, fier diplômé Bafa formé à l’animation en colonies de vacances, puis à la « gentille organisation » du Membership Med, dévoile la mécanique du bonheur qu’il déploie pour ses shoppers. « Blandine est salariée à l’année et cadre les réservations, l’organisation des goûters et des fêtes d’entreprise. Alice, en contrat de qualification, assiste sur des projets. Imad prépare et transporte le matériel en semaine, un coursier nous aide le week-end, plus une autre personne pour Noël. » Sur ce socle se déploient, en fonction des demandes, des ateliers créatifs, maquillage, tatouage, hairstyle, silhouettisme, magie, échassiers, des prestations goûter et traiteur, des interventions d’artistes (une vingtaine d’intermittents réguliers à l’année, deux fois plus en décembre). « Et, bien sûr, un Père Noël, qui est demandé neuf fois sur dix », sourit Stéphane.
Stéphane, presque quinquagénaire qui ne tient pas en place sur sa chaise de bureau, a vu le métier évoluer. De la easy fête de Noël avec un sapin, quelques animateurs en clown et un spectacle, il y a vingt ans, à des prestations « scénarisées », parfois dans des lieux d’exception, avec des jeux par tranche d’âge, des ambiances thématisées et, même, des drones ou des lunettes de réalité virtuelle. « Il faut suivre la cadence, s’adapter aux demandes. Mais, consideration, on n’est pas Disney. Nous, c’est du sur-mesure, du très humain », prévient ce concepteur de fêtes qui a eu l’idée de décliner, en 2020-2021, ces moments de convivialité dans les parcs franciliens, au nez et à la barbe du Covid.
À ses côtés, Blandine met en pause ses préparatifs. « On aime changer les thèmes, les ambiances, être créatifs ! » lance la jeune femme. Puis, après un silence, son regard s’illumine : « On a envie de rendre les gens heureux. Que dad and mom et enfants partagent ensemble ce second. Nous ne sommes que quatre. Mais c’est incroyable ce qu’on arrive à organiser. Le however, c’est que les enfants n’oublient pas cette fête, qu’ils gardent un beau memento comme j’ai pu en avoir avec les fêtes de fins d’année des comités d’entreprise de mes dad and mom. »
Le temps n’a suspendu son vol qu’un on the spot. Les cartons, costumes et décorations ont repris leurs danses. Le téléphone sonne : « Oui, Madame, rassure Stéphane, je vous confirme que nous arriverons pour nous installer une heure avant. »