Le vague à l’âme. Alors que Paris s’est transformé en théâtre de scènes de joie ces derniers jours, célébrant les exploits de chaque nouvel athlète médaillé, s’il y en a pour qui les jeux Olympiques (JO) ne sont pas synonymes de fête, ce sont bien eux : les conducteurs de taxi. Depuis le début de la grand-messe, les chauffeurs vivent un calvaire face à l’absence de clientèle. « J’ai attendu deux heures et demie lundi matin pour obtenir une commande à 36 euros alors que j’en trouve en quelques minutes habituellement », confie Jérôme, conducteur de taxi à son compte. C’est la première fois en trente et une années de carrière qu’il vit une telle situation. La faute, selon lui, à « la fuite des Parisiens » qui voulaient « éviter les problèmes de transport » et à des restrictions de circulation liées aux premiers montages de sites olympiques. Une sacrée tuile.
« Je n’ai que trois commandes par jour »
De fait, pour intégrer les zones « rouges », les chauffeurs de taxi devaient transporter des clients avec un Pass mais certains chauffeurs n’arrivaient toujours pas à se déplacer malgré les autorisations. Créant de la confusion. « Je comprends que l’État ait renforcé son dispositif de sécurité pour se prémunir contre toute attaque terroriste, mais cela ne devrait pas se faire au détriment des chauffeurs. Comment pouvons-nous récupérer des clients aux abords des événements si nous n’avons même pas accès à ces zones ? » se désole Jérôme.
Une situation si critique que les principales fédérations de taxis s’en sont émues dans une lettre adressée le mercredi 31 juillet au ministère des Transports. En réaction, le ministre délégué, Patrice Vergriete, a pris la décision d’autoriser les taxis et VTC à accéder aux périmètres rouges des JO, sans restriction. « Mais c’est trop tard, le mal est fait. S’il n’y a ni touristes à Paris, ni clients habituels, les collègues vont sécher en station pour rien », juge Christophe Van Lierde, vice-président de la Fédération nationale du taxi, dont l’organisation fait partie des signataires de la lettre. Les chauffeurs lésés se trouvent « dans une situation critique, avec des cotisations à payer » et des revenus « dont la baisse peut aller jusqu’à 40, voire 50 % dans certaines situations », alertent d’ailleurs les fédérations syndicales.