« Nous pouvons être qui nous sommes partout sur le territoire, même dans les zones rurales ». C’est le message de la marche des Fiertés rurales qui célèbre, tisse du lien et visibilise les diversités des campagnes. Dans la commune de Chenevelles, qui compte moins de 500 habitants, ce qui s’est imposé comme la première marche LGBTQIA + rurale de France en 2022, journée de festivités et d’échanges, est désormais devenu un rendez-vous annuel.
Tracteurs et charrettes remplacent ici la foule agglutinée de la Pride parisienne. Accueillis autour d’un village associatif et de produits locaux, les manifestants sont ensuite invités à défiler à travers champs et forêts, puis à danser devant concerts, drag show ou DJ set en plein air, avant de camper gratuitement sur place.
Pourquoi est-ce important de décentraliser la marche des Fiertés ?
Si vous faites une conférence à la Sorbonne à Paris sur les questions LGBT, globalement tout le monde sera d’accord avec vous et aura déjà entendu des problèmes sous jacents. Si vous faites la même chose à Chenevelles dans la Vienne, si vous amenez des drags queens, si vous faites monter un député local sur scène, là il se passe vraiment quelque chose. Lors de notre première Pride en 2022, c’était la première fois que les habitants du coin, les élus ou les députés voyaient des drags. Par la suite des ministres sont venus, et demain, François Hollande est attendu.
Pour la plupart, les habitants n’avaient jamais vu de Pride avant. Et même, les personnes LGBT les plus âgées ne s’étaient jamais identifiées aux Pride des villes où il y a une majorité de jeunes, une grosse foule et de la musique électro très forte. Les personnes LGBT de la campagne sont des gens qui ont tendance à être plus à l’aise dans un champ que dans une foule. Il n’y a pas cet effet qu’il peut y avoir aux Solidays ou à la Pride de Paris où les gens sont vraiment tassés les uns contre les autres. Ici on a un champ très vaste et c’est plus relax et plus inclusif au final.
Après la première édition, on a créé notre association, Fiertés rurales. Et sur nos pas, il y a eu une petite Pride rurale dans les montagnes et une autre en Espagne.
Est-ce plus facile d’être une personne LGBTQIA + en ville ?
La ville a longtemps représenté un espace de liberté où c’était plus facile de s’affirmer. Énormément de personnes LGBT migrent en ville pour faire leur coming out, les études sociologiques le démontrent. Moi, ça a été mon parcours, j’ai grandi entre Poitiers et Chenevelles et je suis venue faire mes études à Paris. C’est grâce aux Pride de Paris que j’ai pu m’assumer, être gay en public.
Mais, à la campagne, il y a une très grande bienveillance vis-à-vis de son voisin. C’est l’idée du « capital d’autochtonie », c’est-à-dire que vous pouvez tenir des discours anti-LGBT, mais votre voisin gay et votre voisine lesbienne sont avant tout Chantal et Jean-Marie : vous les aimez et ne les jugez pas car vous les connaissez. À la campagne les liens sociaux et le respect entre personnes de la campagne passent au-dessus des idées reçues.
L’homophobie et la transphobie ne sont vraiment ancrées que dans les théories d’extrême droite ou les théories religieuses, lorsque c’est sans théorie, c’est une façade qui se déconstruit facilement. Et c’est par des événements comme le nôtre que les mentalités peuvent évoluer. La plupart des gens à Chenevelles ne s’étaient jamais posé la question de la haine anti-lgbt. Aujourd’hui, plein de villageois nous aident à monter l’évènement. Mais on ne peut pas généraliser, il y a plusieurs campagnes, tout comme il y a des villes plus hostiles aux personnes LGBT : il faut complexifier le regard sur les campagnes.
Quelles sont les revendications de cette édition 2024 de la Pride rurale ?
La thématique de ce moment politique est : les familles LGBT en milieu rural. C’est important de rappeler que l’agenda LGBT ne se termine pas avec le mariage pour les couples de même sexe. Il y a encore de nombreux droits à conquérir, et notamment des droits en matière familiale.
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