Les Jeux Olympiques d’été reviendront à Paris en juillet prochain, exactement un siècle après leur dernière édition en France. Paris est la ville natale de Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux Olympiques modernes.
Lorsque Coubertin a conçu pour la première fois la renaissance de cette ancienne tradition grecque à la fin du XIXe siècle, il a imaginé une scène où les nations célébraient l’internationalisme amical en faisant du sport ensemble. Son idéalisme olympique constitue le fondement de la Charte olympique, un ensemble de règles et de lignes directrices pour l’organisation des Jeux Olympiques qui mettent l’accent sur la fraternité et la solidarité internationales.
En 1992, le Comité International Olympique (CIO) a décidé de perpétuer l’héritage de Coubertin en renouvelant la tradition de la trêve sacrée associée aux Jeux olympiques antiques. La trêve olympique appelle à la cessation des hostilités entre nations en guerre pendant les Jeux Olympiques et au-delà.
La trêve olympique a déjà contribué à la paix – même si ce n’est que de manière éphémère. Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud, les délégations sud-coréennes et nord-coréennes ont défilé ensemble dans le stade sous le drapeau unique de la péninsule coréenne. Ils ont également aligné une équipe coréenne unifiée de hockey sur glace pour cette compétition.
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Le CIO espère que les prochains Jeux olympiques seront un moment pour la paix mondiale. Mais avec le relais de la flamme olympique de Paris qui débutera le mois prochain, le monde est en proie à des conflits et à de l’animosité. Et les tensions en Europe de l’Est et au Moyen-Orient ne montrent aucun signe d’apaisement.
Les Jeux olympiques de 2024 se dérouleront dans un contexte de troubles géopolitiques. Ces conflits affecteront les Jeux Olympiques et remettront en question la capacité du sport à réduire les tensions entre les nations.
Athlètes russes interdits
Moscou a ordonné à son armée d’envahir l’Ukraine quatre jours après la fin des Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Pékin. Le CIO a considéré cette agression comme une violation de la trêve olympique et a par la suite interdit aux athlètes russes de participer aux Jeux Olympiques de Paris.
La Russie était mécontente de cette décision. Il a condamné le CIO comme étant partial en faveur de l’ouest et a même fait appel de la suspension auprès du Tribunal arbitral du sport. Mais en février 2024, le tribunal a finalement confirmé la position du CIO.
Les athlètes russes ne seront pas absents des Jeux olympiques. Le CIO leur permet de participer à la compétition non pas en tant que délégation d’État mais en tant qu’individus neutres. L’Ukraine trouve cette situation inacceptable, arguant que la neutralité ne peut pas retirer l’identité russe des Jeux olympiques.
Le CIO a dénoncé l’occupation russe des territoires ukrainiens. Mais il admet également la complexité de ce conflit géopolitique et reconnaît que sa meilleure approche serait de rester impartial sur cette question. L’Ukraine a réagi en mettant en œuvre une politique permettant à ses athlètes de boycotter toute compétition impliquant des Russes à Paris 2024, bien qu’elle ait ensuite levé cette règle.
Des Russes mécontents
La guerre entre Israël et le Hamas compliquera encore davantage les Jeux olympiques de 2024, les responsables olympiques étant sur le point de faire face à des allégations d’incohérence concernant les athlètes israéliens.
Ce conflit n’est pas moins brutal que la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 30 000 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début de la guerre. Et il existe également des preuves que les forces israéliennes ont commis des crimes de guerre dans la bande de Gaza.
Cependant, la résolution pour la trêve olympique de Paris 2024 pointe du doigt la suspension de la Russie et ne contient pas un seul mot sur les violences en Israël et en Palestine.
Ces deux parties belligérantes peuvent participer aux Jeux olympiques – même si le blocus strict de la bande de Gaza rendra difficile la participation des Palestiniens aux jeux. Mais la délégation russe n’a pas le droit de participer à la même compétition. La Russie considère cet écart comme injuste et accuse à nouveau les responsables olympiques de se ranger du côté de l’Occident.
Israël et ses alliés semblent être très bruyants au sein du cercle olympique. En octobre 2023, le CIO a offert à Yeal Arad, devenu en 1992 le premier Israélien à remporter une médaille olympique, son prestigieux statut de membre. En acceptant cette nomination privilégiée, elle a exhorté les athlètes israéliens à donner inspiration et espoir à leurs concitoyens souffrant de cette tragédie.
Lors de la même session du CIO, Cassy Wasserman, président des Jeux olympiques de 2028 à Los Angeles, s’est également déclaré « fier d’être juif » avant son discours.
Les Jeux Olympiques de 2024 à Paris se dérouleront dans un contexte de conflits et de contestations. La trêve olympique et la neutralité du sport international constituent l’idéalisme du CIO. De plus, il se porte volontaire pour être un messager de la paix mondiale.
Paris 2024 peut-il être un catalyseur de cette vision ? Malheureusement, la capacité des Jeux olympiques à agir comme un festival d’internationalisme pacifique sera inévitablement réduite en cette période de troubles géopolitiques.
Malgré les apparences de festivités à Paris, l’escalade des hostilités dans le monde risque de perturber les Jeux olympiques de la capitale française.