Coincé entre la voiture et l’avion, le train peine à se faire une place comme moyen de déplacement dans le cœur des Français. Selon une étude l’Ifop, en collaboration avec la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT), parue vendredi 7 juin, un Français sur deux n’a jamais pris le train au cours des douze derniers mois. Cette étude a surtout permis de mettre en lumière les principaux freins à une utilisation régulière de ce moyen de transport.
1. Les prix trop élevés
Comme le révèle le sondage de l’Ifop auprès de 2003 citoyens représentatifs de la population française, le prix excessif du transport sur rail est l’argument qui arrive en premier (53 %) chez ceux qui projettent de se déplacer et choisissent un autre moyen de mobilité que le train. À l’inverse, ils ne sont que 34 % à dire que le train est un mode de transport bon marché.
Le TGV pâtit le plus de cette mauvaise image de marque que le TER. 61 % de ceux qui boycottent le train à grande vitesse inscrivent les prix prohibitifs dans le top 5 des raisons de leur refus. Ils ne sont que 38 % à le citer pour le TER, qui conserve ainsi son surnom de train du quotidien. Pourtant, selon le président de la FNAUT François Delétraz, la cherté du billet de train est trompeuse. « Entre 2018 et 2022, les billets de train hors Ouigo sont restés à un prix stable. Le Ouigo, lui, est passé d’un prix moyen de 23 euros à 31 en 5 ans ». Cette augmentation s’explique par des tarifs particulièrement attractifs lors du lancement de l’offre, renchéris ensuite. Mais les Ouigo demeurent une alternative moins chère au TGV Inoui.
Mais une baisse généralisée des prix ne résoudrait pas tout. Seuls 39 % des non-usagers du TGV se disent assurés de changer d’avis si les billets étaient plus accessibles (36 % pour le TER, 37 % pour les Intercités).
2. Pas assez pratique
Pour 43 % des Français, le manque de praticité constitue la deuxième raison de leur refus de se déplacer grâce au rail. La distance pour arriver à la gare, le manque de places de parkings, la contrainte de devoir arriver à un endroit bien précis plutôt que leur destination souhaitée ou encore les contraintes d’heures de départ et d’arrivée, sont les arguments qui reviennent le plus souvent.
Ces impressions sont renforcées quand elles sont comparées à la voiture, qui reste le moyen de transport privilégié, quelle que soit la distance parcourue. Quand 73 % des Français utilisent leur véhicule pour des trajets de moins de 100 kilomètres, seuls 8 % d’entre eux font le choix du train dans la même situation. Et même lorsque les destinations sont à plus de 500 kilomètres, le train n’est que la troisième option avec 18 % d’utilisateurs, derrière l’avion (30 %).
3. Les grèves, une idée reçue
Parmi les griefs reprochés au train, la FNAUT cite les mouvements sociaux. Un tiers des non-usagers se disent prêts à le prendre plus souvent s’il y avait moins de grèves des cheminots. Ils sont aussi un tiers (33 % pour le TGV ; 34 % pour le TER et 33 % pour les Intercités) à considérer les débrayages comme la cause principale des retards, délais ou annulations qui les poussent à choisir un autre moyen. Pourtant, l’idée que la SNCF est si fortement impactée par les grèves est une idée reçue persistante. En moyenne, la SNCF connaît 1,2 jours de grève par an depuis 1980.
Tous ces freins à l’utilisation des transports ferroviaires n’empêchent cependant pas la SNCF de voir ses trains plébiscités pour les vacances. La SNCF a annoncé avoir écoulé 1,5 million de tickets en une journée lors du lancement de ses ventes d’été. Comme le souligne François Delétraz, président de la FNAUT, « les trains Paris – Barcelone sont toujours remplis alors que l’avion est une alternative qui existe aussi. C’est la preuve qu’il y a toujours un engouement pour l’utilisation du train. Notre combat, c’est qu’à terme les gens puissent prendre le train qu’ils veulent, et plus souvent. »
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