Au pays du président des riches, les fortunés sont rois. La Banque de France le confirme. Son Bulletin publié jeudi met en lumière la répartition toujours inégalitaire des 14 041 milliards d’euros de patrimoine total des Français.
Il y avait pourtant de quoi partager. Le patrimoine net total des ménages a augmenté de 5 329 milliards (euros courants) entre fin 2009 et fin 2021, pour se stabiliser à ce niveau jusqu’au deuxième trimestre 2023, inflation oblige. En quinze ans, la hausse globale est spectaculaire : +23 % en euros constants. Au vu de ces sommes, le patrimoine moyen est flatteur. Il a augmenté de 144 000 euros entre fin 2009 (301 000 euros) et le deuxième trimestre 2023 (446 000 euros). Soit une augmentation de 13 % en euros constants.
Près de 2,5 millions d’euros en moyenne
Mais ce patrimoine moyen ne dit rien de qui touche quoi. Pour cela, il faut commencer par se pencher sur le patrimoine médian. Celui-ci se monte à 185 000 euros (+37 % depuis 2009). Autrement dit, 50 % des ménages disposent d’un patrimoine supérieur à cette somme. Mais la moitié est en dessous de ce niveau. Les inégalités de répartition sautent encore plus aux yeux lorsque l’on répartit les ménages selon dix niveaux de richesse.
Les 10 % des plus fortunés ont ainsi vu leur patrimoine passer de 4 593 milliards d’euros en 2009 à 7 609 milliards fin 2023. Autrement dit, ils détenaient 52,7 % des richesses de l’ensemble des ménages il y a 15 ans. Aujourd’hui, c’est 54,2 % du total. En moyenne, un ménage ultra-aisé dispose de 2 418 000 euros, constitués « de biens immobiliers (43 %), d’un peu plus d’actifs financiers (34 %), mais surtout de beaucoup plus de patrimoine professionnel (24 %) », note le rapport. Ce dernier souligne que 60 % des ménages les plus fortunés détiennent 99 % du total de l’immobilier net d’emprunts.
« Le patrimoine des 40 % des ménages suivants (454 000 euros en moyenne) est relativement homogène et essentiellement composé d’immobilier net d’emprunts immobiliers (71 %), les actifs financiers représentant 27 % », relève ensuite la Banque de France
En dessous, les 50 % les moins riches disposent d’un patrimoine moyen de 47 000 euros, à base de dépôts sur des livrets d’épargne (46 %) ou d’assurance-vie (10 %) d’un côté, de la propriété d’un bien immobilier (54 %) de l’autre.
Comme l’INSEE, la Banque de France insiste sur le fait que les inégalités de richesse en France sont creusées par la mauvaise répartition du patrimoine. Car si l’on prend les revenus (salaires, primes, dividendes…), les 10 % les plus riches « disposent d’un revenu disponible moyen « seulement » trois fois supérieur au revenu médian ». C’est près de huit fois plus si l’on prend en compte le patrimoine médian.