Avis par Isatou Tourayjeudi 28 novembre 2024Inter Press Service
28 nov (IPS) – La rage, bien qu’elle constitue un problème majeur de santé publique en Afrique, n’est toujours pas entièrement comprise, en raison du nombre limité de données disponibles à son sujet. Cela a ralenti les efforts visant à l’éliminer, mais le continent porte un fardeau important de la maladie et est responsable de la plupart des décès qu’elle provoque dans le monde.
À l’exception d’une poignée de pays seulement, le continent dispose généralement de données pauvres et incomplètes sur cette maladie résultant des morsures ou griffures d’un chien infecté. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la maladie est responsable d’environ 59 000 décès chaque année dans le monde, dont 95 % en Afrique et en Asie.
Même dans les cas qui ne sont pas mortels, la rage, comme les autres maladies tropicales négligées (MTN) – un groupe de 20 maladies qui débilitent, défigurent et peuvent tuer – prive les individus d’une bonne santé, de leur dignité et de leurs moyens de subsistance.
La rage, en particulier, provoque une inflammation progressive et potentiellement mortelle du cerveau et de la moelle épinière qui constituent le système nerveux central. Elle entraîne souvent la mort une fois que le virus infecte le système nerveux central et que les symptômes apparaissent, ce qui souligne l’urgence d’un traitement rapide.
La bonne nouvelle est que les connaissances et les outils permettant de lutter contre la rage, l’une des maladies humaines les plus anciennes, sont bien connus, éprouvés et disponibles. Il existe des vaccins et des anticorps qui peuvent sauver des vies en cas d’infection, ainsi que des vaccins pour chiens pour tenir le virus à distance.
La mauvaise nouvelle, cependant, est que tout cet arsenal contre la maladie a été largement rendu inefficace par l’absence de données complètes, fiables et de haute qualité qui pourraient éclairer une prise de décision efficace et une gestion appropriée. Sans le tableau complet que seules les données peuvent dresser, les décideurs ne peuvent pas se rendre compte de l’ampleur réelle et de l’impact de la maladie.
Pour éliminer efficacement la rage sur le continent, il est nécessaire de disposer d’informations appropriées sur sa prévalence, ses modes de transmission, ses taux de vaccination et l’efficacité du traitement. Grâce à cela, il devient plus facile d’identifier les points chauds d’infection, de surveiller et d’évaluer les interventions et de déployer des réponses équitables.
Une meilleure compréhension de la maladie contribuera à déclencher des actions de la part des gouvernements, des bailleurs de fonds et d’autres acteurs pour obtenir des ressources et mobiliser des actions visant à soulager les souffrances inutiles et à réduire les facteurs de pauvreté liés à la santé.
En fin de compte, cela aidera le continent à progresser vers la réalisation de l’objectif de développement durable 3.3, qui vise une réduction de 90 % du nombre de personnes nécessitant une intervention contre les MTN.
Au cours de la dernière décennie, des progrès ont été réalisés dans la lutte contre les MTN, entraînant une diminution de 600 millions de personnes nécessitant une intervention contre les MTN entre 2010 et 2020, ce qui a été attribué au renforcement de l’engagement national et international.
Il existe une meilleure opportunité d’accélérer encore ces progrès en concentrant la lutte contre la rage. Sans ces données cruciales, les efforts de lutte contre la maladie resteront fragmentaires, réactifs, flous et inefficaces.
Cela laissera les individus souffrir et pourrait parfois entraîner des décès évitables. L’OMS estime le coût mondial de la rage à environ 8,6 milliards de dollars par an, provenant des pertes de vies humaines et de moyens de subsistance, des soins médicaux et des coûts associés, ainsi que des traumatismes psychologiques non calculés.
L’absence de données appropriées rend également plus difficile la mobilisation des ressources nationales et internationales pour le contrôle, l’élimination et l’éradication de la maladie.
Des ressources importantes et durables sont nécessaires pour fournir des vaccins aux personnes à haut risque et des traitements d’urgence aux communautés qui n’en ont pas les moyens. La vaccination massive des chiens, qui s’est avérée efficace pour lutter contre la rage, ainsi que les campagnes de sensibilisation et d’éducation du public sur la prévention des morsures et sur ce qu’il faut faire en cas de morsure ou de griffure sont également essentielles dans la lutte.
Tout cela commence par des données de qualité et des systèmes de données robustes. C’est la boussole dans la lutte contre la rage et autres MTN en Afrique. Il s’agit également d’un guide pour l’élimination de la maladie en identifiant où déployer les vaccins, fournir le traitement et déployer les infrastructures nécessaires.
Il convient de souligner que Kikundi, une communauté de pratique pour les responsables de programmes MTN en Afrique, est bien placé pour renforcer les efforts visant à améliorer la qualité des données et à construire des systèmes robustes, aidant ainsi les pays dans leur lutte contre la rage.
Comme le souligne le thème de la Journée mondiale contre la rage de cette année – « Briser les frontières de la rage », il est temps de bouleverser le statu quo en améliorant notre compréhension de cette maladie. Personne en Afrique ne devrait continuer à souffrir ou à mourir de maladies évitables et traitables comme la rage.
Le Dr Isatou Touray, ancienne vice-présidente de la République de Gambie, est la directrice exécutive par intérim de Uniting to Combat Neglected Tropical Diseases.
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