Après avoir méprisé le Parlement, Macron méprise l’élection du Parlement. En convoquant des élections anticipées le 30 juin, il a laissé 21 jours aux partis politiques pour désigner les candidats, contracter un prêt, préparer et mener la campagne. Une tâche immense.
« Cela pose un énorme problème démocratique. On ne peut avoir un débat en grand sur le projet sur la France, dans tout le pays, en une vingtaine de jours », dénonce Igor Zamichiei, coordinateur du PCF.
La situation est périlleuse. Le Rassemblement national peut bénéficier de sa dynamique des européennes. Les autres familles politiques, les macronistes comme la gauche qui s’unit dans un Nouveau Front populaire, doivent imposer leurs thèmes pendant la campagne pour espérer l’emporter.
Le casse-tête de l’organisation matérielle du scrutin
La démocratie interne des organisations politiques est mise à mal. « Elle est écrasée, déplore Igor Zamichiei. Quand, comme le PCF, on fait en vertu des statuts valider ses choix par les adhérents, qu’on attache beaucoup d’importance à la démocratie collective, ce délai court est insuffisant. Toutes les réunions se font en visioconférence, sans participation suffisante de tous les niveaux du parti », déplore-t-il.
À cela s’ajoutent les problèmes concrets : les candidats ne sont pas toujours disponibles, n’ont pas forcément eu le temps de se préparer ; il faut trouver des mandataires financiers, parfois négocier un crédit. Cela favorise les grosses structures.
Par ailleurs, l’impression des bulletins, des circulaires électorales nécessite une quantité de papier énorme, et des imprimeries qui mobilisent leurs salariés au-delà des horaires habituels. Par rapport aux précédents scrutins, le matériel électoral devrait déjà avoir été envoyé aux imprimeurs.
Un coût financier non négligeable pour les communes
Le casse-tête concerne également les institutions. Élections rime avec dépenses. Pour les communes, le coût de l’organisation d’un scrutin est difficile à supporter.
À l’échelle d’une mairie « un tour d’élection, c’est un euro par électeur », indique Philippe Laurent, secrétaire général de l’Association des maires de France (AMF). Des coûts émanant essentiellement des frais de personnel. « Il faut compter presque 7 000 euros par tour de scrutin », pour rémunérer les agents déplore Alexandre Krawiec, directeur des affaires générales de la Ville de Toul. Cette année, une difficulté supplémentaire existe : il va falloir mobiliser les fonctionnaires en période de congés.
Une aide insuffisante de l’État aux municipalités
Il convient d’ajouter à ces coûts l’achat et l’entretien du mobilier électoral. « Pour une commune de 2 000 habitants, il faut compter 1 500 euros d’équipement », informe Philippe Biro, directeur commercial de Doublet, entreprise spécialisée dans le matériel électoral.
La subvention de l’État est fixée à 44,73 euros par bureau de vote et à dix centimes par électeur inscrit pour chaque tour. L’AMF dénonce depuis plusieurs années le montant insuffisant de la subvention de l’État, qu’elle estime équivalente à « environ 15 % » du coût réel.
À ces problèmes, s’ajoutent ceux du calendrier particulier de l’élection anticipée. Le second tour se déroulera le 7 juillet, au début des vacances scolaires. Outre le nombre d’agents disponibles moins important, cela pourrait se traduire par l’annulation de festivals ou d’initiatives culturelles, les salles municipales n’étant plus libres.
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