Depuis l’annonce de la création du Nouveau Front Populaire, Anthony Caillé, secrétaire général de la CGT Intérieur-Police, cinquième syndicat, affiche son soutien à la coalition des partis de gauche et appelle ses collègues à faire barrage au Rassemblement National.
Pourquoi la CGT Police appelle-t-elle à faire barrage au Rassemblement National et quels sont les risques s’il arrivait au pouvoir ?
Parce que ce sont les valeurs de la CGT, des valeurs d’humanisme, de partage. Nous sommes en total désaccord avec l’une des mesures phares du Rassemblement national, la préférence nationale, que nous estimons très dangereuse et risquerait de fracturer la République. Je m’inquiète de l’utilisation abusive de la police, qui est aujourd’hui déjà bien détournée de sa vocation initiale. Le tout sécuritaire est l’élément principal de la campagne de l’extrême droite… Nous ne sommes pas près de revoir la police de proximité.
Les autres syndicats policiers se sont mobilisés, en 2002, en 2017, contre le RN. Pourquoi ne se mobilisent-ils pas aujourd’hui ?
Je pense que ces syndicats se droitisent. Nous le voyons clairement dans leurs prises de parole, à l’image de l’affaire Nahel en 2023. L’UNSA Police et Alliance n’avaient pas hésité à parler de « combat contre des nuisibles » ou de « hordes sauvages » dans leur tract. Le deuxième syndicat de police, Unité SGP Police FO, est complètement à la remorque du leader – composé d’une alliance entre Alliance et l’UNSA-Police. Tous trois suivent ainsi le même chemin, en bloc majoritaire. La CGT, elle, n’a aucun dialogue avec les principaux syndicats.
Ne craignez-vous pas que votre prise de position vous marginalise au sein de votre institution ?
Quand on fait moins de 2 % aux élections professionnelles, on est déjà dans la marge… Au contraire, c’est en réaffirmant notre position et notre attachement aux valeurs de la CGT que les policiers républicains, humanistes, viendront vers nous. Aujourd’hui le ministère de l’Intérieur a construit une cogestion avec les trois syndicats Unsa, Alliance et Unité. Le policier est obligé de se syndiquer chez eux, s’il espère obtenir une mutation, ou un avancement. Comment voulez-vous sortir de ce système, si l’administration vous pousse à rejoindre ces trois organisations majoritaires dans l’espoir d’une évolution professionnelle ?
En quoi l’accession au pouvoir du Nouveau Front populaire serait-elle une bonne nouvelle pour le fonctionnement de la police ? Quelles mesures concrètes retenez-vous de son programme ?
Au-delà des mesures pour améliorer le fonctionnement de la Police, il y a celles pour l’ensemble des salariés : retraite à 60 ans, 10 % d’augmentation du point d’indice pour les fonctionnaires, c’est là qu’est l’enjeu général. Si on regarde sur le plan de l’institution policière, c’est l’embauche de 30 000 policiers statutaires, la remise en place de la police de proximité, l’abrogation de la réforme de la police nationale qui a supprimé la police judiciaire… Ce sont des promesses très importantes, que l’on revendique depuis plus de 20 ans. En fait, le NFP n’a fait que reprendre les revendications de la CGT Police.