La soirée électorale de dimanche, à l’occasion du second tour des législatives anticipées, pourrait avoir des airs d’étrange défaite pour la République. Celle d’une victoire de l’extrême droite encore totalement inattendue il y a un mois, avec un Jordan Bardella qui siégerait à Matignon avant même la grande bataille de 2027. Emmanuel Macron, en décidant subitement de dissoudre l’Assemblée nationale le 9 juin, a pris de court à la fois la gauche et son propre camp. Il a de fait précipité les Français vers les urnes en pleine dynamique pour le Rassemblement national (RN), au soir même du triomphe des lepénistes lors des élections européennes.
Si la constitution éclair d’un Nouveau Front populaire (NFP) à gauche a permis d’éviter un désastre lors du premier tour des législatives, le RN est aujourd’hui en position très favorable dans 200 circonscriptions du pays. Il constitue surtout la seule force politique en état d’obtenir une majorité absolue (fixée à 289 sièges) après le second tour prévu dimanche soir.
Éviter la catastrophe
L’objectif, comme l’ont martelé les responsables de gauche, reste d’éviter cette catastrophe pour la France et ses habitants. D’autant plus que le RN peut être largement réduit, jusqu’à se retrouver minoritaire dans l’Hémicycle face aux forces républicaines. C’est tout l’enjeu des désistements entre partis qui se sont multipliés jusqu’à mardi soir, afin de faire barrage à l’extrême droite.
En tout, 134 candidats du NFP se sont désistés, tout comme 82 candidats macronistes, avec pour seule boussole la volonté de protéger notre République. Ce choix ne vaut pas alliance, ni convergence idéologique, entre la gauche et les troupes présidentielles. Il vise à écarter le pire.
Si les appareils politiques, et la plupart des candidats, ont adopté cette attitude responsable, il subsiste toutefois une grande inconnue : quelle décision prendront les électeurs, alors que dans nombre de circonscriptions la bascule se jouera à quelques voix près ? Dans un contexte où le NFP et surtout la FI ont été diabolisés par la Macronie avant qu’elle ne se réveille au soir du premier tour, que voteront les électeurs de Renaissance, du Modem et d’Horizons ?