Les militants du Nouveau Front Populaire (NFP) de Conflans-Sainte-Honorine sont venus nombreux sur les bords de Seine pour accueillir leur candidat, Aurélien Rousseau. Sur la place Fouillère, l’ancien ministre de la Santé d’Élisabeth Borne serre les mains des badauds. « C’est agréable de voir tous ces partis politiques de gauche réunis », lance une passante qui revient des courses.
À trois jours des législatives anticipées, tout le monde est sur le pont. Car aux élections européennes du 9 juin, le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête de la septième circonscription des Yvelines. Elisa et Côme, la vingtaine, tractent depuis 7 heures du matin. « Les gens sont assez réceptifs. Dès qu’ils voient la bannière NFP ils sont ravis d’échanger avec nous. Ils gardent espoir », raconte la jeune femme. De son côté, son ami n’avait jamais milité avant : « j’ai décidé de franchir le pas, il faut se mobiliser ».
Après avoir salué les militants, Aurélien Rousseau s’installe à la terrasse du restaurant l’Escale sous le regard intrigué des clients. « Nous devons continuer à convaincre les habitants de la circonscription de faire barrage au RN : c’est indispensable, explique le candidat PS Place Publique sous un soleil de plomb, Le pouvoir d’achat, l’immigration, les libertés publiques… Le programme de ce parti est radicalement réactionnaire et notre devoir est d’alerter la population ». À peine a-t-il terminé sa phrase, qu’Aurélien Rousseau s’empresse d’aller à la rencontre de Raphaël Glucksmann, venu afficher son soutien à sa candidature.
La social-démocratie comme solution ?
Les candidates et candidats du Nouveau Front Populaire des Yvelines ont montré aux électeurs que la gauche représente une digue face à l’extrême droite, estime Raphaël Glucksman. Et pour le député européen Place Publique, Aurélien Rousseau en fait partie. « La voie sociale-démocrate qu’on a ouverte pendant les Européennes, c’est celle vers une prise du pouvoir par la gauche. Il faut continuer. Et là, c’est ta responsabilité », dit le parlementaire en lui tapotant l’épaule, Je sais que tu le fais avec brio, enthousiasme et énergie. Tu parles aux électrices et aux électeurs, y compris à ceux qui doutent et qui ont peur.»
Selon les deux hommes de centre-gauche, le camp présidentiel a un devoir de responsabilité. « Pour qu’il n’y ait pas de majorité d’extrême droite, la macronie doit sortir du ni-ni », qui est selon Raphaël Glucksmann « un consentement à la prise du pouvoir par le RN ». La vie « ne sera absolument pas la même avec une majorité absolue d’extrême droite dans notre pays. On a un devoir de responsabilité. Dans les années qui viennent on se souviendra des décisions prises par les uns et les autres à ce moment-là de l’histoire de France », adresse-t-il au camp présidentiel.
Revenu de la Macronie
À plusieurs reprises, Aurélien Rousseau est interrogé sur son ancien poste au gouvernement. « J’ai démissionné car j’étais en désaccord avec la loi immigration que je considère comme une orientation beaucoup trop à droite, répond-t-il, Lorsque j’ai considéré que mes convictions et mes valeurs ne pouvaient plus peser dans cet écosystème-là, je suis parti ». Selon lui, ce n’est pas parce qu’il a travaillé aux côtés d’Emmanuel Macron qu’il rejoint son bord politique. « Cette barge qu’on voit là-bas, s’appelle Renaissance. C’est une belle métaphore de la situation », dit-il en esquissant un sourire.
Quelques instants plus tard, la candidate Renaissance de la circonscription, Nadia Hai, déboule en trombe. « J’espère que vous allez retrouver vos valeurs un jour, Monsieur Glucksmann. Se compromettre avec Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise, c’est assez cocasse, souffle l’ancienne députée. C’est en rejoignant une alliance contre-nature qu’Aurélien Rousseau souhaite incarner la gauche ? C’est décevant. Il a retourné sa veste. »
Nadia Hai se sent trahie. Elle reproche à son ancien collègue d’avoir « claqué la porte » au gouvernement et d’avoir été « parachuté » dans sa circonscription. Dès lors, une discussion houleuse s’installe. « Si Monsieur Rousseau veut mener une bataille contre le RN, qu’il aille dans le Gard où il est élu », tempête Nadia Hai.
« Si j’avais partie liée avec le camp qui a mis la France dans ce chaos, je ferai preuve de beaucoup plus d’humilité sur la question des principes », lui répond Raphaël Glucksmann en montant dans sa voiture. « Je suis sociale-démocrate et je me bats pour des valeurs humanistes », poursuit la députée Renaissance. « Alors rejoignez le Nouveau Front Populaire pour contrer le RN », lui répond un passant.
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