Lyon, capitale de la résistance ? À première vue, la capitale des Gaules résiste tant bien que mal dans les urnes. Aux élections européennes, l’extrême droite, cumulée, était en deçà de 18 % de son score national. Mais avec la déflagration de la vie politique, après la dissolution de l’Assemblée, l’union départementale CGT a organisé, ce jeudi 20 juin, une grande journée de déploiement.
L’enjeu est de taille : trois travailleurs sur dix vivent à l’extérieur de la métropole, plus favorable au RN. À l’instar de Philippe Godineau. Chasuble rouge CGT sur le dos, cet habitant de Bourgoin-Jallieu, dans l’Isère, tient une diffusion de tracts au siège EDF de Lyon.
Sa fédération, l’énergie, mobilise contre une révision des grilles salariales. L’occasion de distribuer du matériel, à l’heure de la pause déjeuner, en faveur du « progrès social et populaire. ».
« Dans les entreprises, beaucoup restent frileux pour parler de politique. »
« Ce matin, un syndiqué m’a appelé. Il ne comprenait pas le soutien de la CGT en faveur du programme du Nouveau Front populaire (NFP). Je pense que nous avons eu raison », mesure le syndicaliste.
À ses côtés, sa camarade Constance Dagbo, poursuit : « Notre mot d’ordre est clair : allez dans les structures locales de la CGT pour militer contre l’extrême droite. Mais il faut l’avouer, dans les entreprises, beaucoup restent frileux pour parler de politique. ».
Vers 13 heures, dans le quartier de Gerland, la CGT des 7e et 8e arrondissements distribue à la sortie du métro Debourg. « Le RN, c’est la grande imprécision. Bardella a déjà renoncé à abroger la réforme des retraites. Le combat unitaire contre l’extrême droite doit se tenir dans le temps. La pression populaire ne doit pas retomber après les législatives », affirme Renaud, le secrétaire de l’union locale, devant une cinquantaine de personnes.
Dans la foulée, une délégation de grévistes de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu arrive en camion. Cet été, 45 suppressions de lits sont programmées dans l’établissement psychiatrique.
Elles s’ajoutent à la centaine de lits supprimés depuis 2017. « L’arrivée au pouvoir du RN serait une catastrophe. Leur vision des soins psychiatriques est uniquement sécuritaire, avec l’idée que les patients seraient mieux en prison. Les établissements de soins craqueront pour de bon », insiste Céline.
Fracture entre les villes et les campagnes
De son côté, Clément, élu CGT à l’École normale supérieure (ENS), prépare ses prochaines actions : « Ce week-end, j’irai donner un coup de main à une candidate NFP dans l’Isère. La députée sortante est Modem, mais l’extrême droite pourrait tout rafler. ».
S’engage alors une discussion avec un adhérent de Solidaires sur le vote FN chez les syndiqués. Selon ce dernier, « les militants des centres-villes doivent se rendre compte du décalage entre leurs discours et la réalité populaire des campagnes. On sent un rejet de la gauche. Parler de sujets comme l’interdiction de la chasse n’était pas porteur. » Tous deux se donnent rendez-vous à 17 heures 30 pour un meeting place Guichard.
Devant la bourse du travail de Lyon, les plusieurs dizaines d’initiatives CGT convergent en fin d’après-midi. « La préférence nationale, c’est le tri entre les travailleurs en fonction de leur nationalité, voire leur origine », lance au micro, Maud Millier.
Devant les 150 militants venus, malgré la forte pluie, la secrétaire adjointe de la CGT métropole de Lyon poursuit : « En substituant la lutte des races à la lutte des classes, l’extrême droite a toujours été l’allié du capital. » Prochain rendez-vous, dans la rue, ce dimanche à 15 heures.
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