Alors que le procès des viols de Mazan met au grand jour la question de la soumission chimique, le sénateur Joël Guerriau (Horizons), accusé d’avoir drogué la députée MoDem de Loire-Atlantique Sandrine Josso, afin de l’agresser sexuellement l’an dernier a annoncé, mercredi 25 septembre, se mettre « en retrait » des travaux parlementaires et démissionner de ses fonctions exécutives, « à la demande du président Larcher ».
« Je conteste les faits » mais « je tiens à préserver la sérénité du travail des élus », a-t-il justifié alors qu’il espérait revenir au Sénat. Sandrine Josso a déclaré, par la voix de son avocat Arnaud Godefroy être « rassurée par cette mise en retrait dans la mesure où elle ne sera pas amenée dans les prochains jours à croiser M. Guerriau ».
Une annonce bienvenue qui fait suite à une rencontre entre Joël Guerriau et le président du Sénat qui lui avait demandé de démissionner. « Je pense personnellement qu’il n’a plus sa place au Sénat », avait affirmé Gérard Larcher plus tôt dans la journée sur la radio France Inter. « C’est mon souhait, mais je n’ai pas de pouvoir sur ce sujet », a rappelé le président du Sénat, précisant que « seul le Conseil constitutionnel, après une décision de justice, peut démettre un parlementaire de son mandat ».
« GHB effets lendemain », « Drogue et viol »…
La veille, Joël Guerriau a été interrogé au tribunal de Paris. Une première depuis sa mise en examen le 17 novembre 2023. Il a alors été questionné, notamment, sur une vingtaine de recherches suspectes retrouvées dans son téléphone, telles que « point de vente GHB », « GHB effets lendemain », ou bien « Drogue et viol ». Les découvertes, issues de l’expertise de son téléphone, alourdissent les suspicions à son encontre.
Ces éléments ont été retrouvés le 9 octobre 2023, soit près d’un mois avant les faits dénoncés par Sandrine Josso (MoDem), d’après des éléments de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance mercredi. « M. Guerriau réserve uniquement ses explications à la justice », ont réagi auprès de l’Agence France Presse ses avocats, Henri Carpentier et Marie Roumiantseva.
Placé sous contrôle judiciaire depuis la fin de 2023, l’ancien maire de Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique) avait été suspendu dans la foulée de son parti Horizons et de son groupe parlementaire.
« J’ai cru mourir »
Le 14 novembre, Sandrine Josso, s’était rendue au domicile parisien de son « ami politique », qui célébrait sa réélection. Seule invitée, elle aurait été prise d’un malaise et aurait alors décidé de quitter les lieux, selon une source proche du dossier cité par franceinfo. Des examens médicaux ont ensuite révélé la présence d’ecstasy dans son organisme. Sandrine Josso s’est exprimée publiquement pour la première fois le lundi 20 novembre sur le plateau de C à Vous, sur France 5.
« J’ai cru mourir parce que je pensais qu’il allait abuser de moi, dans l’ascenseur, je ne tenais plus debout », a-t-elle témoigné en ajoutant avoir « juste eu un instinct de survie », indiquant souffrir désormais de « stress post-traumatique ». Le champagne servi par le sénateur « n’avait pas le même goût que d’habitude », et son comportement était étrange, a expliqué la députée. Avant de fuir, Sandrine Josso l’aurait vu « remettre un sachet blanc dans un tiroir sous le plan de travail » dans la cuisine.
Sandrine Josso en était ressortie avec 388 ng/ml d’ecstasy dans le sang, d’après les analyses toxicologiques dont l’AFP a eu connaissance mercredi. Une dose bien supérieure à la quantité dite récréative. Les analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée. Dans ce dossier, l’absorption de drogue et ses effets délétères sur la députée, ne sont pas discutés. Tout l’enjeu repose sur l’intention. Une confrontation entre les deux est prévue prochainement, selon des sources proches du dossier.
« Stress post-traumatique »
En garde à vue en novembre 2023, Joël Guerriau avait argué d’épreuves personnelles, qui l’auraient incité à se procurer un « euphorisant » auprès d’un autre sénateur pour sa propre consommation, sans savoir qu’il s’agissait d’ecstasy. Joël Guerriau avait expliqué, en garde à vue, avoir réalisé un « tour de magie ». Il ne présentait pas ce soir-là de drogue dans l’organisme, contrairement à ce que disait un certificat médical erroné rappelle l’AFP.
« J’avais mis, il y a une semaine, au fond d’un verre que je me destinais, ce produit. Finalement, je ne l’ai pas pris. (…) Il est possible qu’il y en ait eu au fond du verre que je lui ai servi », avait-il avancé. Il avait évoqué une probable « erreur de manipulation » des coupes de champagne et ne pas connaître « les conséquences de ce genre de produit ».
En avril, la députée a été chargée d’une mission gouvernementale pour lutter contre la soumission chimique. Elle est aussi marraine de l’association M’endors pas, fondée par la fille de Gisèle Pelicot. Le procès de 50 hommes et de Dominique Pelicot, accusé d’avoir drogué sa femme pendant 10 ans pour que lui et d’autres hommes la violent, se déroule au sein de la Cour criminelle du Vaucluse, à Avignon.
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