Les communistes se sont penchés ces 12 et 13 juillet sur la séquence politique que vient de traverser le pays. Leur secrétaire national, Fabien Roussel, a inauguré ces deux journées de travaux vendredi, lors d’un après-midi de réflexion consacré à la crise politique. Une journée également marquée par la proposition du dirigeant communiste de voir Huguette Bello première ministre d’un gouvernement du NFP, et largement saluée par le Conseil national.
L’ex-député du Nord a également vivement critiqué le Président de la République. « Il est totalement disqualifié aux yeux des Français, a taclé Fabien Roussel. Ce coup de poker de la dissolution a bien failli être fatal à la République ».
Les communistes fiers d’avoir déjoué un scénario écrit d’avance
Le secrétaire national du PCF a souligné pour les communistes la « fierté d’avoir déjoué le scénario écrit d’avance de l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite », mais aussi « la frustration et la déception de résultats électoraux qui ne sont pas à la hauteur de nos attentes » concernant le PCF. « Ce résultat, il faut l’analyser, le critiquer » assure le dirigeant communiste.
Il souligne que même si son parti « progresse en voix », il est « emporté par une vague brune » en perdant quatre députés. Il évoque quelques pistes de réflexion. « Nous avons peut-être perdu une bataille idéologique » dans « la France des sous-préfectures ». « Dans la campagne, nous avons pu constater que le Smic à 1600 euros nets était vécu comme irréalisables par les ouvriers et les employés », raconte Fabien Roussel, pour qui la droite et l’extrême droite « ont réussi à faire taire tout espoir ».
Une victoire qui reste fragile
C’est le défi posé aux communistes, et à la gauche. « Cette victoire est fragile », rappelle le secrétaire national, comme d’autres membres qui sont intervenus au Conseil national du PCF. Même en cas de gouvernement du NFP. « Pour réussir un budget avec des recettes permettant les dépenses que l’on veut, il va falloir construire des majorités. Comment le faire sans renier notre programme ? » interroge ainsi Fabien Roussel.
Les réponses viennent aussi de la salle. Ainsi Stéphane Bonnéry, directeur de La Pensée prône un « premier calendrier avec la nomination possible d’un gouvernement du NFP ». « Puis en octobre il faudra élaborer et faire voter un budget. Il ne faut pas chercher à appliquer tout le programme tout de suite. Nous avons besoin d’une ambition raisonnable dans le cadre d’un rapport de force compliqué ». Pierric Annoot, de la fédération des Hauts-de-Seine, appelle à « mettre au défi Macron de nous mettre en échec sur une grande loi pour sauver nos hôpitaux publics, par exemple ».
Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF en Gironde, estime qu’un gouvernement du NFP, malgré les rapports de force à l’Assemblée, a des possibilités d’agir. « L’abrogation de la réforme des retraites, on peut la décider. L’augmentation du Smic à 1600 euros, aussi. Pour le reste, on aura besoin de mobilisations et de soutien populaire ».
Le Conseil national du PCF a d’ailleurs appelé, dans une résolution, ses partenaires du NFP à « accélérer les efforts politiques » pour, notamment, « composer un gouvernement avec comme première ministre Huguette Bello », et à « engager dès à présent le dialogue avec les forces vives du pays, syndicales et associatives ». Le PCF souhaite que les forces du NFP rencontrent l’intersyndicale dès que possible.
Samedi, les communistes ont décidé d’un grand débat dans toute l’organisation sur la situation politique. Plusieurs interventions se sont penchées sur le rôle du PCF. « À quoi les citoyens peuvent-ils identifier le parti, à part des passages médias ? » a interrogé le secrétaire départemental de la Drôme, Jean-Marc Durand, pour qui le programme original de l’organisation n’est pas assez connu. « Sommes-nous toujours un parti révolutionnaire, identifié comme tel ? » a interpelé la secrétaire départementale de Seine-Saint-Denis, Nathalie Simonnet.
Dans le cadre du combat contre le RN, Jonathan Dubrulle, responsable de la commission Agriculture, a dit souhaiter une enquête sur les ressorts du vote d’extrême droite et de la peur du déclassement dans les différentes zones rurales. Car il en est où la gauche régresse, mais d’autres où elle résiste. Dans toutes, elle doit travailler.
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