Le ministre de l’Économie Éric Lombard a annoncé, ce samedi 28 décembre 2024, vouloir inviter tous les partis à dialoguer à Bercy dans les prochains jours, espérant que “des compromis” seront trouvés pour favoriser l’adoption d’un budget.
Prêt aux “compromis”, et soucieux “qu’un budget soit adopté”, le nouveau ministre de l’Économie Éric Lombard va tenter de procéder “par le dialogue” en invitant tous les partis représentés au Parlement à venir en discuter à Bercy.
“À la demande du Premier ministre, je vais appeler les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat, ainsi que les groupes parlementaires, à venir dialoguer au ministère avec Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, et moi-même”, assure M. Lombard dans une interview à la Tribune Dimanche.
Il va contacter tout le monde “à partir de (dimanche) matin”, jugeant que “tous les élus sont légitimes” et semblant ainsi vouloir éviter les polémiques récentes, comme celle provoquée par son prédécesseur Antoine Armand qui avait, dès sa première interview fin septembre, indiqué exclure le RN de l’arc républicain, à la grande irritation de Marine Le Pen.
Pas non plus de préséance affichée : “L’ordre de passage dépendra de leurs disponibilités, et la configuration sera celle qu’ils souhaitent”, selon le ministre, dont la porte “restera ouverte jusqu’au 14 janvier, date du discours de politique générale” de François Bayrou, mais “également ensuite”.
“Les résultats de ce dialogue” seront présentés au Premier ministre François Bayrou, “pour qu’il se traduise en propositions du gouvernement”.
Celui qui était jusqu’à lundi directeur général de la Caisse des dépôts, premier pôle financier public, rappelle avoir été “à ce titre en contact permanent avec les élus, locaux ou nationaux”.
Alors que le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, qui n’exclut pas de censurer le gouvernement Bayrou, a néanmoins reconnu mardi sur BFMTV que M. Lombard était “un homme de gauche” et “un ami”, le nouveau ministre a éludé : “Je dialoguerai avec tout le monde et j’aurai le même discours avec tous les élus. Certains seront peut-être plus engagés, d’autres plus réticents. Nous verrons bien”.
“Il faut trouver des compromis, c’est indispensable”, a-t-il ajouté.
“Grain à moudre”
Il compte “aménager” le projet de loi de finances préparé par le gouvernement Barnier, et laissé en souffrance durant la navette parlementaire par la censure du 4 décembre.
Le ministre estime que d’éventuelles hausses d’impôt devront être “très limitées”, et qu’il faudra “des économies supplémentaires”.
Le déficit serait inscrit dans le texte à “un peu au-dessus de 5 %” du PIB, .
Avant des concessions aux oppositions qui ne lui ont pas évité la censure, Michel Barnier affichait l’intention de ramener un déficit public de 6,1 % du PIB cette année, qui vaut à la France une procédure pour déficit excessif à Bruxelles, à 5 % l’an prochain.
M. Lombard évacue au passage le risque d’une possible hausse du nombre de personnes assujetties à l’impôt sur le revenu l’an prochain, si la loi spéciale qui permettra en début d’année le strict fonctionnement de l’Etat devait perdurer : elle ne permet pas de pratiquer la traditionnelle indexation du barème de cet impôt sur l’inflation.
“Nous aurons un budget qui comportera une indexation du barème” a coupé court aux interrogations M. Lombard. “Les Français qui ne paient pas d’impôts sur le revenu aujourd’hui n’en paieront pas demain”.
Il “émet une condition” par ailleurs à un futur aménagement de la loi sur les retraites : les discussions “ne doivent pas alourdir le déficit de l’assurance vieillesse”. Il y a “du grain à moudre à l’intérieur de cette contrainte”, selon lui.
Le ministre espère que “la construction d’un budget crédible sera une réponse à l’inquiétude (des) marchés” sur les finances publiques françaises.
Il juge enfin “très sérieuse” la menace de barrières douanières agitée par Donald Trump. “Il faut se préparer à une réponse très vigoureuse”, mais “l’Union européenne dispose des armes nécessaires”, assure-t-il.