La croisade politique menée par le milliardaire breton Vincent Bolloré est synonyme de gouffre financier, alors que l’idéologie a pris le dessus sur la quête du profit. Le groupe éponyme, qui accueille Canal Plus comme Lagardère Media, en est devenu l’exemple type, tant les difficultés structurelles de l’économie des médias sont balayées au profit du combat politique de l’homme d’affaires.
Sa stratégie possède cependant des inconvénients : être à la merci de sanctions des pouvoirs publics. Selon les informations de la Lettre, ce cas de figure vient de frapper le groupe Bolloré. Deux filiales du groupe Lagardère se sont vues notifier, pour l’exercice 2024, des redressements fiscaux de 196,5 millions d’euros.
Les meilleurs résultats « depuis quinze ans »
Les sociétés Lagardère Media et Hachette Livre – toutes deux passées sous le giron de Vincent Bolloré, puis regroupées sous la holding Louis Hachette Group fin 2024 – sont ainsi dans le viseur du ministère de l’Économie. Arnaud Lagardère, qui possède 8,61 % de la holding, paraissait pourtant confiant sur la santé du groupe dans un entretien accordé aux Échos le 13 février dernier.
L’homme d’affaires, dont les dernières années ont été entachées par sa mauvaise gestion du groupe familial – amenant à la contraction de dettes, qu’il a dû rembourser en se délestant, par exemple, de 8,5 millions d’actions au profit de Vivendi -, y mettait alors en avant les meilleurs résultats « depuis quinze ans » du groupe éponyme. Alors que Lagardère a généré 8,9 milliards d’euros en 2024 (+ 8,5 % en un an et record depuis 2007), l’héritier de l’empire industriel et médiatique s’est dit « ravi » de ces résultats. « L’idée selon laquelle l’empire laissé par Jean-Luc Lagardère a été réduit à peau de chagrin est évidemment fausse », lançait-il.
Il n’est donc guère étonnant d’apprendre que le groupe Lagardère a contesté les deux redressements fiscaux adressés par Bercy en mars 2024. « L’administration fiscale lui reproche le montage qui a été effectué pour la cession de cette branche sportive (Lagardère Sports and Entertainment – NDLR) à l’américain HIG Capital en 2020 », résume la Lettre.
Le média spécialisé rappelle aussi qu’Arnaud Lagardère a déjà essuyé près de 700 millions d’euros de pertes dans le domaine des droits sportifs depuis 2006 – année du rachat de la société de marketing sportif Sportfive pour 865 millions d’euros. Or, Lagardère Sports and Entertainment se retrouve au centre de ce nouveau redressement fiscal, avec 189,9 millions d’euros de rectification à elle seule.
« Cette cession s’est traduite par une dépréciation immédiate estimée, à l’époque, entre 210 et 240 millions d’euros, annonce la Lettre. Le fisc rejette la déduction de la moins-value de cette vente du résultat fiscal de droit commun du groupe Lagardère. » En clair, Bercy reproche au groupe d’avoir procédé à une augmentation du capital de Lagardère Sports and Entertainment peu de temps avant sa vente.
Hachette Livre – premier groupe d’édition français – est de son côté visé par un redressement fiscal de 6,5 millions d’euros, annoncé en décembre 2024. Selon les pouvoirs publics, l’entreprise n’a pas appliqué le « taux adéquat de TVA à des produits qui relevaient du taux normal – 20 % pour la plupart des biens et services – et non du taux réduit à 5,5 % dont bénéficie la vente de livres », du 1er janvier 2021 au 6 décembre 2024, révèle la Lettre. L’optimisme d’Arnaud Lagardère n’empêche donc pas son groupe – aujourd’hui propriété de Vincent Bolloré – d’enchaîner les erreurs.
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