Le conseil municipal de Pont-Saint-Esprit du vendredi 3 novembre a mis sur la place publique les dissensions existantes au sein de la majorité.
“Je suis blessée, c’est douloureux. L’opposition est venue de l’intérieur. Le contrat de confiance est trahi” a réagi vendredi 3 novembre dans la soirée Claire Lapeyronie, maire de Pont-Saint-Esprit, lors d’une conférence de presse organisée après le conseil municipal extraordinaire lors duquel les élus spiripontains ont voté à la majorité le retrait des fonctions de quatre adjoints (Christine Clerc, Benjamin Desbrun, Karima Loric et Vincent Rousselot), “pour des dysfonctionnements et un manque de loyauté“. Un vote sanction qui intervient une semaine après la décision, le 27 octobre, de la maire de leur enlever leur délégation. “J’ai pris mes responsabilités, c’est une mesure qu’il fallait prendre pour le bon fonctionnement de la collectivité” a-t-elle expliqué.
“Pourquoi cet acharnement à m’écarter ?”
Un fonctionnement remis en trigger par les quatre ex-adjoints, désormais conseillers municipaux, et la conseillère municipale Laure Regamey, qui, elle aussi, s’est vue retirer sa délégation. “Je me suis heurtée à ton autoritarisme (…) La gouvernance de la municipalité est défaillante” a-t-elle déclaré en conseil municipal, ouvrant le bal des critiques et accusations envers la maire. Un autoritarisme également pointé du doigt par le conseiller municipal Luc Schrive, venu en soutien aux ex-adjoints. “Pourquoi cet acharnement à m’écarter de l’équipe ? Parce que j’alerte sur les problématiques de salubrité, de sécurité ?” a questionné l’ex adjointe à la tradition et aux festivités Christine Clerc. “Je ressens un grand sentiment d’injustice”. Karima Loric, chargée jusqu’ici du commerce et de la démocratie participative, parle, elle, de “honte” en évoquant “l’état de notre ville”.
“Tu viens de créer une fracture dans la majorité”
“Tu viens de créer une fracture dans la majorité. Les Spiripontains méritent mieux que de laver le linge sale sur la place publique” a lancé Benjamin Desbrun, dans une salle comble qui a assisté à des échanges souvent acerbes, laissant entrevoir les dessous du fonctionnement de la majorité et des providers de la mairie.
Au lendemain du conseil municipal, samedi, l’ex adjoint aux funds et à la communication s’étonne du vote de l’opposition. “On ne s’attendait pas à ce qu’elle soutienne le maire à l’unisson”, selon lui, le scrutin ayant eu lieu à bulletin secret. La veille au soir, Béatrice Redon, de l’UCS (Union citoyenne spiripontaine) avait expliqué au cours du conseil que ” (son) groupe souhaite continuer à agir pour les Spiripontains“.
Les ex-adjoints ont en revanche pu compter sur le soutien de quelques élus de la majorité. “Avec nous, on a un noyau de 8 à 10 élus” estime Benjamin Desbrun. Mais l’heure n’est pas à la démission. “On va analyser ce qu’il s’est passé et on solutionnera certainement avant le prochain conseil municipal” fixé le 16 novembre. “On ne souhaite pas faire un putsch contrairement à ce qui se dit !” souligne Benjamin Desbrun.
“Je me suis engagée pour six ans”
De son côté, la maire de Pont-Saint-Esprit, se dit “sereine. J’ai toute confiance dans les autres élus. Je me suis engagée pour six ans, on va faire du bon boulot”.
Résultats des votes : Christine Clerc : une abstention, dix voix pour le maintien, 22 voix contre le maintien ; Benjamin Desbrun : trois abstentions, 8 voix pour le maintien, 22 contre ; Karima Loric : deux abstentions, 8 voix pour le maintien, 23 contre ; Vincent Rousselot : un bulletin blanc, dix voix pour le maintien, 22 contre.
Retour sur la fusillade et vote de la safety fonctionnelle pour deux élus
Fusillade. En préambule du conseil municipal, Claire Lapeyronie est income sur le règlement de comptes qui s’est déroulé dans sa ville dans la nuit du 28 au 29 octobre faisant deux morts, soulignant qu’ “une petite commune n’a pas la compétence ni les moyens pour lutter contre des armes de guerre et le grand banditisme (…) Il est pressing de demander davantage de moyens pour la gendarmerie nationale (…) Je ne peux pas laisser dire que rien n’est fait (pour la sécurité)” a-t-elle déclaré en conférence de presse après le conseil municipal.
Safety fonctionnelle. Le conseil municipal a également voté, sans les voix de l’opposition, la safety fonctionnelle pour les adjoints Benjamin Desbrun et Karima Loric. “Ca n’a rien à voir avec le retrait des fonctions d’adjoints” a précisé la maire Claire Lapeyronie. “Ces élus ont demandé par courrier cette safety fonctionnelle suite à leur audition dans le cadre d’une affaire de soupçons de prise illégale d’intérêt et de favoritisme”.