À l’Assemblée nationale, rares sont les journées calmes, mais celle de mardi a, de l’avis général, été « extrêmement agitée ». Depuis l’attaque meurtrière menée par le Hamas dans le sud d’Israël samedi matin, l’ensemble de la classe politique française est sommé de se positionner et de mettre sur la desk ses propositions pour mettre fin au cauchemar des populations israéliennes et palestiniennes.
À 15 heures, comme chaque mardi, le gouvernement et les députés avaient rendez-vous dans l’Hémicycle pour la traditionnelle séance de questions au gouvernement. « Horreur, sidération, angoisse. Le monde est en état de choc », a d’emblée exprimé Yaël Braun-Pivet.
Proposant d’observer une minute de silence, la présidente de l’Assemblée nationale a déclaré : « Devant cette barbarie, je veux redire ici qu’Israël est un pays ami à qui je veux exprimer notre totale solidarité et notre soutien inconditionnel. » Les paroles ont été les mêmes pour la première ministre Élisabeth Borne qui a assuré que « le Hamas ne cherche pas à répondre aux aspirations des peuples, son seul objectif étant de faire couler le sang ».
Face à la presse mardi matin, la présidente du groupe FI Mathilde Panot a commencé par appeler à « la libération immédiates des otages israéliens », avant d’exposer son « indignation face à la cabale faite sur la place de la France insoumise », accusée par certains, y compris à gauche, de ne pas utiliser le mot « terrorisme » pour qualifier l’activité du Hamas.
Pressée de clarifier la place de la FI sur ce level par des journalistes, la proche de Jean-Luc Mélenchon ne s’y est pas pliée, préférant insister sur la dénonciation des « crimes de guerre » commis en Israël. Lors de l’intervention en séance de la députée insoumise, les élus du groupe LR et une partie de ceux de la majorité ont quitté l’Hémicycle.
André Chassaigne appelle à « retrouver le chemin de la paix »
« Le groupe GDR condamne sans réserve les actions terroristes du Hamas, a en revanche clairement indiqué le président du groupe communiste André Chassaigne. Nous voulons faire half de notre plus grande émotion face au déchaînement de violence. »
Mais il a aussi insisté sur la nécessité de « trouver le chemin de la paix et de la sécurité » en Israël et en Palestine. Le député du Puy-de-Dôme a également rappelé que « Gaza est sous les bombes » et exhorté la France à « reprendre le flambeau de la paix qu’elle a abandonné depuis tant d’années ».
À l’difficulty de sa prise de parole, la députée RN Marine Le Pen a été applaudie non seulement par les membres de son groupe, mais également par une poignée de députés Renaissance. « Une trentaine », a calculé un insoumis.
La Nupes, malgré les déclarations de bonne intention de la matinée, est toujours secouée par la crise israélo-palestinienne. Dans l’Hémicycle, les uns et les autres se sont applaudis lors de leurs prises de parole mutuelles. La réunion de l’intergroupe, qui avait lieu le matin même, a cependant été remuante, à en croire plusieurs sources.
« Ça n’a pas été la plus easy qu’on ait eue depuis un an, euphémise la députée communiste Elsa Faucillon. On tente d’être à la hauteur du second pour que les polémiques inter-Nupes ne prennent pas la place sur les nécessaires sujets que nous avons à porter en commun. Devant les périls du monde, l’union doit perdurer. »
Les socialistes, qui se sont montrés les plus critiques des propos tenus par les proches de Jean-Luc Mélenchon depuis ce week-end, assurent de leur côté que « si l’on peut critiquer la politique du gouvernement israélien, il n’y a pas de place pour relativiser ce qui s’est passé ».
« Quand nous avons des désaccords, nous les exprimons sans fard, nous disons les choses telles que nous les croyons », jure Boris Vallaud, le président du groupe PS. La Nupes sortira-t-elle indemne de ce énième remous ? Valérie Rabault, vice-présidente de l’Assemblée et députée PS du Tarn-et-Garonne, a indiqué mardi soir sur LCP que son groupe droop « tout travail » commun avec la Nupes sur les questions budgétaires.
« Il n’y aura pas de contre-budget commun », a-t-elle expliqué, alors que sa présentation était prévue dans les prochains jours. L’insoumis Manuel Bompard lui a aussitôt répondu : « Inacceptable reniement de la parole donnée aux électrices et aux électeurs. Il est temps de se ressaisir. » La houle est toujours forte.