Ce mercredi 2 octobre à 13 h 30 s’ouvre le procès de l’homme de 27 ans accusé d’avoir, en février dernier, lancé sur X (ex-Twitter) des menaces de mort à l’encontre du proviseur du lycée Ravel, situé dans le 20e arrondissement de Paris. Mis en cause pour « provocation publique non suivie d’effet à commettre une atteinte volontaire à la vie », il risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
« C’est une dinguerie. Faut le brûler vif, ce chien »
L’affaire avait fait grand bruit : le 28 février, deux jours après la rentrée des vacances d’hiver à Paris, le proviseur du lycée Ravel avise trois élèves qui portent un voile à l’intérieur de l’établissement, et les rappelle à l’obligation légale de retirer cet accessoire. L’une d’entre elles, majeure et scolarisée en BTS, ignore son injonction, ce qui entraîne une altercation avec le proviseur qui tente de la diriger vers la sortie alors qu’elle résiste. Chacun de son côté déposera une plainte : l’élève pour des « violences n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail » (classée sans suite pour infraction insuffisamment caractérisée), et le proviseur pour « acte d’intimidation envers une personne participant à l’exécution d’une mission de service public pour obtenir une dérogation aux règles régissant ce service ».
Surtout, les récits de l’incident enflamment très vite les réseaux sociaux – au point que le matin du 1er mars, la cité scolaire Maurice-Ravel voit son entrée bloquée par quelques dizaines de jeunes, sous une banderole « Élève frappée, lycée bloqué ». Dans une dérive qui n’est pas sans rappeler l’enchaînement des faits ayant conduit à l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, le proviseur se voit pris à partie. « C’est une dinguerie. Faut le brûler vif, ce chien », écrit ainsi sur X celui qui se retrouve aujourd’hui devant le tribunal, sur la foi du récit que lui a présenté sa sœur, élève dans le lycée – mais pas témoin direct des faits.
Un proviseur contraint au départ en retraite anticipé
À la différence de ce qui s’était produit lors de l’affaire Samuel Paty, la réaction des autorités ne se fait pas attendre : dès le 28 au soir, le rectorat de Paris indique suivre l’affaire, tout comme la préfecture de police. La ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, assure de son soutien le cadre menacé. Elle annonce également avoir saisi le procureur et « mobilisé [ses] services pour assurer la sécurité du proviseur ». Cela ne suffira pas à dissuader celui-ci, décrit dans la presse par celles et ceux qui le connaissent comme un « excellent professionnel », « intègre », d’annoncer fin mars qu’il démissionne – en fait, un départ anticipé vers la retraite qu’il devait prendre en fin d’année, après 45 ans passés dans l’Éducation nationale.
Après un premier report du procès, initialement prévu le 23 avril, puis le 26 juin, le jeune homme qui doit comparaître ce mercredi n’a pas exactement le profil du jeune paumé radicalisé, encore moins du terroriste. Inconnu de la justice, il est titulaire d’un master et se présente comme demandeur d’emploi en tant que chef de projet dans le secteur du web. En avril, lors de l’audience qui a décidé du premier report, il s’exprimait dans une langue soutenue et a présenté ses excuses à la victime, affirmant « regretter » son message du 28 février. Ce qui ne le dispensera nullement d’avoir à en rendre compte.
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