L’ancien député biterrois LR, Élie Aboud, qui revient régulièrement dans la cité de Riquet, a accepté de livrer son regard sur le conflit israélo-palestinien. Une zone qu’il connaît bien de par ses attaches au Liban, son pays natal. Il y a trois semaines environ, il était encore au Liban dans le cadre de la fusion des deux hôpitaux francophones du pays. Élie Aboud ne vise aucun mandat politique, assure-t-il, mais preserve une imaginative and prescient très politique des événements. Entretien.
Quelle est votre réaction, à la suite des actes terroristes du Hamas et de la réplique sanglante d’Israël ?
C’est une réaction de colère parce que je suis foncièrement pour la paix. Parce que cette terre, partout dans cette région, a vécu des moments terribles. Je suis trois fois en colère en fait. D’abord parce que la perspective de la paix s’éloigne de plus en plus. Ensuite, parce que ce mouvement, le Hamas, que je qualifie clairement de terroriste, a dépassé tout esprit de résistance, et avec ses actes moyenâgeux et barbares, nuit à la trigger palestinienne. Ce qui a été fait aux jeunes, aux bébés, aux vieillards, ceux qui ont été brûlés… Pour moi, il n’y a aucune trigger, aussi noble soit-elle, qui doit le justifier. Je le répète : ce sont des actes barbares, moyenâgeux, terroristes.
Enfin, ma colère va à l’égard de la politique de Benyamin Netanyahou (premier ministre israélien, NDLR) et ses choix politiques stratégiques en amont, sa imaginative and prescient du court docket terme. Ce sont ces décisions qui ont fait qu’on a permis à ces barbares d’agir de la sorte. Le choix politique de Benyamin Netanyahou était d’affaiblir l’autorité palestinienne et de nourrir indirectement ce mouvement terroriste pour pouvoir dire au monde entier : “Regardez, il ne peut pas y avoir deux États”. Peut-être que ce n’est pas machiavélique et volontaire mais cette politique a conduit à l’affaiblissement de l’autorité palestinienne modérée, qui a le droit d’exister, et à la montée d’un extrémisme islamiste qui veut la destruction d’Israël. Voilà mes trois colères : parce que la paix s’éloigne, contre les barbares du Hamas et contre la politique qui a indirectement fait grandir l’islamisme.
En France, vous pouvez observer comme chacun les conséquences de cet embrasement…
Sur le terrain français, j’ai honte aujourd’hui. J’ai des amis à gauche, des personnes dans mon entourage qui véhiculent les idées d’une gauche humaniste. Mais je suis en colère contre ceux qui se sont permis, pour des raisons électoralistes, de faire alliance avec Jean-Luc Mélenchon qui, aujourd’hui, par ses prises de place à l’opposé du bon sens, encourage indirectement une stress sociale dans le pays. Monsieur Mélenchon : vous qui avez cette ambition présidentielle de gouverner le pays, pourquoi n’avez-vous pas su ou pas pu critiquer ce bloodbath inhumain contre des civils israéliens qui chantaient pour la paix ? Monsieur Mélenchon, ce sont des hommes de gauche, comme vous contre la politique de Netanyahou, qui chantaient et dansaient pour la paix. ça vous brûlait la langue, ça vous chatouillait l’esprit de condamner ?
J’ai honte que mes compatriotes juifs vivent, aujourd’hui, l’ambiance des années 40 et qu’ils cachent leur judaïté. On est France.
Vous connaissez bien le Liban, votre pays. Pensez-vous que le conflit puisse se propager, que le Hezbollah puisse s’en mêler ?
Je crois que le Hezbollah n’a pas intérêt à ouvrir une guerre avec Israël, il se rappelle de 2006 et des destructions… Et Israël n’a pas la possibilité d’ouvrir un second entrance. Le Liban était avant la Suisse du Moyen Orient, c’est devenu le Venezuela du Moyen Orient automotive il n’y a plus d’État et le Hezbollah gère ses affaires comme il veut. Il n’y a pas de sujet Liban/Israël, c’est un sujet Hezbollah/Israël.
La France a-t-elle un rôle à jouer ?
La France a un mot à dire même si on a perdu beaucoup d’affect extérieure. J’espère qu’elle arrivera à ramener les otages français et à faire émerger une voix juste, comme la France de De Gaulle et Chirac. On se moque beaucoup de nous (Les Républicains, NDLR) aujourd’hui, on ne parle pas des hommes d’État comme ceux qui ont fait que la France reste une voix forte dans le monde…
Il faut prier pour la paix.