Le budget primitif de la ville de Montpellier s’équilibre à 771 M€ pour 2024 dont 324 M€ consacrés à l’investissement. Il a été voté à une majorité très confortable. Les oppositions ont voté contre et se sont abstenues.
La majorité municipale de Michaël Delafosse a adopté, ce mardi matin, le budget primitif de la Ville. Celui-ci s’établit à 771 M€ en hausse de 50 M€ par rapport à 2023. Hors opérations de gestion pure (gestion de la dette, provisions, avances…) il réserve 530 M€ à la conduite des politiques publiques de la municipalité et prévoit 324 M€ d’investissement sur l’année.Selon Michel Aslanian, son rapporteur, ce budget s’inscrit dans “un contexte extrêmement tendu” marqué par le niveau de l’inflation, l’augmentation des coûts de l’énergie (à 7,50 M€) et la hausse des taux d’intérêt. L’exercice 2024 ne prévoit pas pour autant une révision à la hausse des taux de fiscalité, “comme depuis 2020”.
Questions sur la dette
Le personnel, 215 M€, ainsi que les charges courantes et subventions (110 M€) constituent les principales dépenses de fonctionnement tandis que l’emprunt demeure un levier important des recettes d’investissement (163 M€). Michel Aslanian indique que l’encours de la dette reste “maîtrisé” mais son analyse est loin d’être partagée par l’opposition et notamment Abdi El Kandoussi. “Vous n’échapperez pas à la mise sous tutelle de l’État. Vous empruntez beaucoup. C’est la banqueroute qui nous attend” assure-t-il, rejoint par Jacques Domergue. “Ce qui domine c’est le niveau de la dette. Il est encore temps de se ressaisir. Votre budget manque de prudence et d’anticipation” estime l’ancien député. “C’est une trajectoire financière inquiétante. Les dépenses de fonctionnement ne cessent d’augmenter” relève, de son côté Salim Jawhari. Dans l’opposition de gauche, Alenka Doulain pointe, elle, “un mirage budgétaire” dans lequel les augmentations d’investissement présentées sont “absorbées par l’inflation et la croissance démographique. L’évolution correspond à une baisse” déplore l’élue de la Mupes.
Ecoles, aménagements, sports, sécurité…
Sur les 530 M€ affectés aux politiques municipales (investissement et fonctionnement), le budget consacré à l’école, les crèches et la politique alimentaire représentent 173 M€ et constitue le « poste » le plus important. L’aménagement du territoire vient ensuite avec 121 M€ (dont 107 M€ en investissement devant la Solidarité et la proximité (44 M€ dont 15 M€ pour le CCAS), la Culture et les Sports (41 M€ au cumul dont 20 pour la culture et 18 pour les Sports), le « verdissement » de la ville et la décarbonation, 36 M€ et enfin la Sécurité avec 30 M€ (dont 20 M€ pour le personnel).
“Choix keynésien”
À l’inverse, dans la majorité, Manu Reynaud (EELV) salue “les choix d’un budget vert. Il ne peut y avoir de renoncement pour l’écologie”. Son collègue Hervé Martin (PC) estime, lui, que l’architecture budgétaire “vient renforcer le bouclier social” voulu par l’équipe en place. “Malgré le contexte on tient notre engagement de ne pas augmenter les impôts. On s’engage fortement dans la transition énergétique” relaie Julie Frêche.
Au fil des dossiers
Citoyenneté, mécanismes revus
Le conseil municipal a adopté ce mardi, une refonte du système de démocratie participative mis en place à travers les conseils de quartier et les conseils citoyens. À la place de ces instances, des assemblées de quartier vont être créées, ouvertes aux habitants, aux acteurs sociaux et économiques ainsi qu’aux membres des conseils des étrangers et de la jeunesse. Parallèlement une assemblée citoyenne de Montpellier est mise en place, dont les membres seront issus des différentes instances participatives et travailleront sur la ville de demain. Enfin, la Ville renforce le “droit d’interpellation citoyenne” qui permet à un groupe d’habitants de demander au conseil municipal une question particulière. Le seuil prévu par la loi indique qu’un groupe représentant 10 % des électeurs de la ville peut saisir le conseil municipal. Il est ramené à 5 % des électeurs. La Ville souhaite également ouvrir son budget participatif aux jeunes et associations des quartiers. Globalement cette initiative “va dans le bon sens ” a estimé Alenka Doulain (Mupes) qui aurait toutefois souhaité qu’un réel pouvoir “décisionnaire” soit donné à ces assemblées.
L’ex-Ehpad des Violettes racheté
L’ancien Ehpad des Violettes, situé à proximité de l’avenue de Lodève abrite actuellement des réfugiés ukrainiens mais avait été mis en vente par son propriétaire, Aésio Santé Méditerranée. La Ville a décidé d’acquérir cet ensemble classé d’une surface cadastrale de 8 100 m² pour une somme, conforme à l’avis des Domaines, de 3,20 M€. Cette acquisition est assortie d’un différé de jouissance de 18 mois. L’objectif de la Ville est d’y créer une maison d’accueil pour les familles monoparentales avec une offre de logement temporaire et des espaces communs d’information sur l’accès aux droits, l’aide à la parentalité… Selon les données de la CAF, Montpellier compte 17 000 foyers monoparentaux.
Un centre d’art pour les 0-6 ans
Dans le cadre de sa politique “la ville à hauteur d’enfants”, la Ville a lancé l’opération visant à créer un centre d’Art pour les 0-6 ans. Une convention a été passée avec le Centre Pompidou, précurseur en matière de médiation culturelle pour les tout-petits dans le cadre de ce projet. Le centre verra le jour dans les anciens locaux de la médiathèque Fellini, aux Échelles la ville soit environ 1 000 m² disponibles. Le montant des travaux est évalué à 3,40 M€ et l’ouverture envisagée pour décembre 2025.
A ses côtés Michaël Delafosse défend sa politique d’investissement tournée vers les écoles, la rénovation urbaine de La Mosson et des Cévennes ou encore à travers le fonds de concours de 25 M€ versé à la Métropole pour la ligne 5 de tram. “C’est un choix keynésien d’investissement. Si on baisse le volontarisme on aura le secteur du BTP en difficulté” indique-t-il.Le budget 2024, l’avant-dernier du mandat, a été adopté moins six voix contre (Mupes, Albernhe, Yague) et dix abstentions (Saurel, Domergue, El Kandoussi).