Mercredi, Aurélien Rousseau a démissionné de son poste de ministre de la Santé, fidèle à ses valeurs, contraires au contenu de la loi immigration. Un fait uncommon en Macronie, où même les affaires judiciaires remettent rarement en trigger un poste ministériel. Depuis 2017, ils sont une dizaine à ne pas avoir démissionné malgré une mise en examen. Est-ce le destin de la successeure (par intérim) d’Aurélien Rousseau, Agnès Firmin-Le Bodo ?
Les jolis pansements du laboratoire Urgo
Selon des révélations de Mediapart, publiées jeudi 21 décembre, la nouvelle ministre de la Santé serait visée par une enquête. En trigger, des cadeaux qu’elle aurait reçus de la half du laboratoire pharmaceutique Urgo, entre 2015 et 2020, alors qu’elle tenait une officine au Havre. La pharmacienne aurait accepté plus de 20 000 euros de cadeaux en tous genres, dont des montres de luxe, une enceinte, des dizaines de bouteilles de champagne et de vin…
Cette collusion avec un grand groupe pharmaceutique constituerait un conflit d’intérêts particulièrement grave et manifestement incompatible avec son poste de ministre de la Santé. En tant que parlementaire, celle qui est devenue en 2021 porte-parole du parti Horizons d’Édouard Philippe (dont elle était numéro 2, lors des dernières municipales au Havre) n’aurait pas déclaré ces quelque 20 000 euros de cadeaux, alors même qu’elle a été élue députée en 2017, et qu’elle siégeait en fee des Affaires sociales (qui s’occupe des questions de santé et de financement de la Sécurité sociale). Elle a par ailleurs été nommée présidente de la fee spéciale chargée d’étudier le projet de loi relatif à la bioéthique, en juillet 2019.
Prise à son propre piège ?
En sa qualité de pharmacienne, la ministre a confirmé être visée par une enquête. Sa state of affairs pourrait contrevenir au dispositif « anti-cadeaux » selon lequel les professionnels de santé ne peuvent recevoir des avantages de la half des industriels de la santé. Un dispositif inscrit dans la loi et renforcé par un texte de 2019, sur lequel Agnès Firmin Le Bodo a d’ailleurs déposé un amendement pour le durcir, rapporte Mediapart.
À noter également qu’en janvier 2023, les laboratoires Urgo ont été condamnés 1 125 000 euros d’amende (dont 625 000 avec sursis), pour des cadeaux à des pharmaciens en contrepartie de l’abandon de remises commerciales, ce qui est interdit.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, ni la ministre ni la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne n’ont réagi à ces révélations. Au nom de la présomption d’innocence, et de la coutume macroniste, l’intérim d’Agnès Firmin-Le Bodo au ministère de la Santé sera-t-il prolongé ?