Même si une sexualité « beaucoup plus diversifiée et de moins en moins restreinte aux rapports avec une pénétrationvaginale » est notée par les auteurs de la dernière enquête menée par l’Inserm, l’ANRS et Santé publique France, la pénétration reste une norme omniprésente, phallocentrée et peu discutée. Auteur de l’essai « Au-delà de la pénétration » (Nouvel Attila, 2018), l’écrivain Martin Page invite à se questionner sur la pénétration, d’autant que « le monde capitaliste ne favorise pas les discussions et les engueulades de couple nécessaires sur ces sujets », ajoute-t-il. Dans ce sillage, Ines, une femme de 25 ans, explique comment la découverte de la masturbation a bouleversé son rapport à la sexualité et à la pénétration :
« La première fois que j’ai eu une relation avec une pénétration vaginale, je n’ai pas du tout eu d’orgasme. Mais je comptais sur les hommes1 pour avoir du plaisir, donc j’ai enchaîné les petits copains. On avait systématiquement des rapports avec pénétration. J’aimais bien, mais je n’ai jamais joui.
Il y a trois ans, ma vie sexuelle a totalement changé. J’ai découvert la masturbation avec le livre Jouissance Club : une cartographie du plaisir (Marabout). Dedans, il y a un dessin où on dévisse un pommeau de douche et on fait pression avec. C’est ce que j’ai fait. Au début, je n’arrivais pas à viser. Et ensuite, j’ai compris. J’ai découvert le plaisir de ma vie. J’ai eu un incroyable sentiment de liberté. Et c’est bien toute seule que j’ai eu un orgasme pour la première fois. La masturbation a totalement changé ma vie.
À ce moment-là, j’ai cessé d’avoir des partenaires. C’est seule que j’ai découvert que je pouvais jouir. Je regardais tout ce qui se passait en moi. J’ai tout essayé : la pénétration vaginale, anale, à l’extérieur, les frottements. Et beaucoup de sextoys. Grâce à cet épisode, je me suis totalement découverte. Après cela, j’ai recommencé à avoir des partenaires. Mais tout a changé.
Depuis ce jour, je pratique beaucoup moins la pénétration et j’enseigne à mes partenaires sexuels l’étendue des possibilités à expérimenter. Quand un garçon commence à aller dans une sorte de mécanique ou de répéter ce qu’il a vu dans le porno, je l’arrête tout de suite. C’est un acte sur mon corps. Aujourd’hui, ce n’est plus une option que je ne sois pas bien. Parfois, avec mon copain actuel, on reste allongé, nu, l’un à côté de l’autre, on se touche le corps. Et j’aime ça. »
Si vous souhaitez partager votre expérience sur votre rapport à l’intime, à la sexualité et à la pénétration, merci de prendre contact avec nous à cette adresse : revolutions.intimes@humanite.fr. Vos propos seront traités avec la plus grande attention par la journaliste en charge de cette série. Votre anonymat sera bien évidemment respecté, si vous le souhaitez.
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