En allongeant les délais de prescription pour insulte et diffamation envers les élus, la liberté d’informer est menacée. Les syndicats de journalistes dénoncent cette inqualifiable violation du droit de la presse.
Sera-t-il doable de critiquer un élu ou un candidat à une élection sans risquer des poursuites pendant un an après les faits ? Le 7 février, emboîtant le pas aux sénateurs, les députés ont adopté un amendement au projet de loi visant à renforcer la sécurité et la safety des maires et des élus locaux. L’amendement prévoit que tout « titulaire d’une fonction publique élective ou candidat à une telle fonction » peut bénéficier d’un délai de prescription d’un an en cas d’insulte ou de diffamation, au lieu des trois mois prévus par la loi de 1881. Il s’agit d’une loi exceptionnelle, puisque seuls les élus ou candidats à une élection peuvent bénéficier d’une telle dérogation. D’où la levée de boucliers des syndicats de journalistes. Voici leur réaction commune.
Réaction des syndicats de journalistes
« Les parlementaires ont de plus en plus de difficultés avec la liberté d’expression. Lors du débat au Sénat sur le projet de loi visant à renforcer la sécurité des élus locaux, un amendement déposé conjointement par la sénatrice Catherine Di Folco et le groupe socialiste a modifié la loi sur la presse de 1881. L’article 2 bis de cette proposition prévoit que le délai de prescription sera allongé de trois mois à un an pour les délits de diffamation ou d’injure publique envers un élu ou une personne dépositaire de l’autorité publique, faisant de la loi une exception pour les élus. Le texte a été débattu à l’Assemblée nationale mercredi 7 février, en seulement 10 minutes, comme l’a révélé le journal d’info en ligne Mediapart. Même si la députée Renaissance Violette Spillebout l’a limité aux élus, qu’ils soient locaux ou nationaux, et aux candidats à ces fonctions, la proposition creuse un fossé sans précédent dans l’équilibre fragile de la loi de 1881.
Un modèle jusqu’à la CEDH
La loi française sur la liberté de la presse de 1881 est un modèle pour la défense de la liberté d’expression, jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme. Le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT-Journalistes et le SGJ-FO, les syndicats représentant les journalistes en France, condamner avec la plus grande fermeté cet amendement à l’une des lois les plus protectrices de la liberté d’expression, de la liberté d’informer et d’être informé. Cette prolongation des délais de prescription mettrait une épée de Damoclès sur le traitement de l’actualité politique, avec le risque que, pendant un an, un élu ou un candidat puisse s’en prendre à un journaliste ou à un éditeur de presse si les conséquences d’une info délivrée par un média venaient à affecter la poursuite de son mandat.
Pression sur les journalistes et les éditeurs
Cela exerce également une pression financière supplémentaire sur les éditeurs, les journalistes et les organisations de défense de la career, avec un risque d’inflation des procédures et de leur coût. C’est un coup dur pour la démocratie dans son ensemble. Les journalistes auraient le droit d’enquêter et de faire leur travail d’investigation, à moins qu’ils ne s’intéressent de trop près aux affaires politiques de ce pays. Nous marchons sur la tête ! La liberté d’expression ne se négocie pas. Depuis plus d’un siècle, éditeurs de presse et journalistes sont tenus responsables devant la justice du poids de leurs écrits, mais il ne saurait être query pour une catégorie de citoyens, aux commandes du pouvoir législatif, de pouvoir exercer une pression intolérable sur la liberté éditoriale d’informer. A l’heure où les États généraux de l’info sont en cours, et où les propositions citoyennes réclament de la transparence, cette proposition des députés nous semble être une gifle à l’égard du libre exercice du journalisme.
Le syndicat des journalistes s’oppose catégoriquement à cet amendement à la loi de 1881 et demande le retrait immédiat de l’article 2b du projet de loi. Contactée, Violette Spillebout, députée Renaissance et rapporteure, s’est déclarée “ouverte à une desk ronde rapide” avant la fee paritaire prévue fin février. Si le projet de loi est adopté en l’état, le syndicat déposera une priorité. query de constitutionnalité.
[SNJ – SNJ-CGT – CFDT-Journalistes – SGJ-FO]
Reporters Sans Frontières: “It’s inadmissible”.
De son côté, Reporters sans frontières s’indigne de cet amendement voté en douce. Il écrit : « Le 7 février 2024, l’Assemblée nationale française a adopté un amendement à la loi sur la presse qui étend les délais de prescription en matière d’injure et de diffamation lorsque la personne visée est un élu ou un candidat. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement cette menace dangereuse qui pèse sur l’équilibre fragile de la législation de 1881 protégeant la liberté de la presse et la liberté d’expression.
Pourquoi les élus et les candidats ne devraient-ils pas être traités de la même manière que les autres citoyens en matière d’insultes et de diffamation ? Trois mois, c’est largement suffisant pour déposer une plainte. On n’ignore pas les violences dirigées contre les élus, mais il est difficile de justifier un affaiblissement du cadre procédural au seul bénéfice d’une catégorie de la inhabitants.
Tout cela après un débat de dix minutes à l’Assemblée nationale. C’est inacceptable. Chez RSF, nous appelons les parlementaires à revenir sur ces amendements, qui non seulement ne protégeront pas les élus, mais risquent également de donner lieu à des poursuites contre les journalistes bien après la publication du contenu. C’est l’exemple même d’une fausse bonne idée.