« N’allez pas creuser » : l’avertissement lancé au petit matin, le 3 octobre 2024, sur la plateforme Discord qui regroupe une partie des chasseurs du trésor de la Chouette d’or achève de doucher les espoirs. Deux heures plus tôt, l’organisateur écrivait qu’« une solution potentiellement gagnante est en cours de vérification ». Ça y est, la quête qui aurait mobilisé entre 100 000 et 200 000 personnes pendant ces 32 dernières années se termine. La chouette en bronze aux ailes déployées, d’une cinquantaine de centimètres, enterrée en 1993 quelque part en France – une contremarque échangeable pour son modèle équivalent en or, argent et pierres précieuses –, a été trouvée.
Pour beaucoup de joueurs, l’annonce est brutale. Marjolaine l’admet sur le groupe Facebook des « chouetteurs » : « C’est un rêve de gosse qui s’envole. J’avais 13 ans, je rentrais du collège ce soir-là, je vois encore mon père derrière son gros ordinateur (…) Nous avons alors pendant vingt ans tracé des traits sur de grandes cartes, roulé de longues heures sur des routes inconnues, arpenté les sentiers de campagne, cherché des indices hasardeux dans la forêt, creusé des trous un peu partout, planqué les pelles lorsque nous rencontrions d’autres promeneurs. »
L’idée d’un touche-à-tout érudit
La Chouette d’or, c’était d’abord l’idée géniale d’un touche-à-tout, Régis Hauser, spécialiste du marketing et de la communication, romancier, esprit particulièrement érudit. Il s’inspire d’une chasse au trésor née outre-Manche, nommée « Masquerade », qui a tenu les joueurs en haleine entre 1979 et 1982. Il en propose une déclinaison assez similaire : vendre un petit livre contenant 11 énigmes tenant en quelques lignes, avec en regard la reproduction de 11 toiles tout aussi énigmatiques.
Le tout à décrypter en faisant intervenir l’histoire, la géographie, les sciences… Il suffirait « d’un peu d’astuce, un soupçon de bon sens, un brin de détermination et une solide pelle-bêche », estimait son concepteur. En fait, un peu plus que cela, à voir tant d’esprits s’y casser les dents.