Créée en 1996, la journée mondiale de l’œuf a lieu le second vendredi d’octobre, le 11 en cette année 2024. Les entreprises de la filière française de l’œuf ont décidé d’utiliser cette date pour communiquer sur « une couvée d’animation » afin de gagner des parts de marché. Elles mettent en exergue les importants progrès réalisés ces dernières années concernant le « bien-être » chez les poules pondeuses, tandis que la consommation d’œufs, sous diverses formes, continue d’augmenter en France. En 2023, chaque Français a consommé une moyenne de 224 œufs dans l’année. Ce chiffre comptabilise la consommation à domicile, hors domicile et celles des œufs intégrés dans différentes préparations culinaires vendues dans le commerce. 80% des aliments consommés par les pondeuses sont produits en France, laquelle cultive encore trop peu de soja pour les tourteaux.
97% des Français consomment des œufs et 75% affirment que la présence du logo « Œufs de France » sur l’emballage influence positivement leurs achats. Le taux d’auto-approvisionnement en œufs est remonté à 99,1% en 2023 après avoir chuté à 97% en 2022, suite aux abattages effectués pour contenir la grippe aviaire. Pour 2024, le taux d’auto-approvisionnement devrait atteindre 99,7%. Il restera insuffisant pour répondre à la croissance de la demande nationale. Seule « une autosuffisance de 102 à 103% permet de répondre au succès des œufs en France et de continuer à exporter », estime la profession.
Une contractualisation en place depuis quatre décennies
Alors que le vote trois versions de la loi Egalim depuis 2018 peine à trouver la moindre efficacité pour tenir compte de l’évolution des coûts de production qui subissent les paysans dans différentes filières agricoles, celle de l’œuf avait, dès le début des années 1980, mis en place une contractualisation tenant compte du coût de l’alimentation des poules. Elle était répercutée à la hausse comme à la baisse sur l’opérateur à qui l’éleveur vendait ses œufs. « Le travail s’est poursuivi depuis entre les opérateurs pour que ces pratiques se répercutent de l’amont à l’aval, comme cela a été motivé par les deux lois Egalim » indiquent les responsables de la filière.
Durant des décennies, les poules en âge de pondre dans les élevages spécialisés étaient enfermées dans des cages dont elles ne sortaient que pour aller à l’abattoir après avoir été productives pendant 18 à 24 mois. En 2016, les professionnels français se sont donné pour ambition de faire de sorte que 50% des pondeuses vivent dans des systèmes alternatifs. Ils vont de la libre circulation dans le poulailler à la sortie à l’extérieur durant l’après-midi, la ponte ayant lieu le matin. En 2021, les systèmes alternatifs à la cage représentaient 67% des effectifs de poules pondeuses en France. Le chiffre est passé à 73% à la fin de l’année 2023 et il va continuer de progresser.
Assurer de manière durable notre souveraineté alimentaire
Dans son plan de production à horizon 2030, la filière vise de 90% des poules pondeuses vivant hors des cages : sol, accès au plein air et agriculture biologique, ce qui passe par des investissements importants. Selon Yves-Marie Beaudet, éleveur dans les Côtes d’ Armor et président de l’Interprofession, il faudra construire en France 300 nouveaux poulaillers de poules pondeuses avec accès au plein air d’ici 2030 pour assurer de manière durable notre souveraineté alimentaire. Comme le coût moyen est de 1 million d’euros l’unité avec l’acquisition du terrain pour l’accès au plein air avec un minimum de 4M2 par poule pondeuse, le projet nécessite un investissement global de 300 millions d’euros. Il faut aussi pouvoir compter sur l’acceptabilité du voisinage, ce qui n’est jamais acquis d’avance, comme l’ont montré de nombreux recours en justice par le passé et pas seulement contre le chant du coq.
En France des filières agricoles comme les volailles de chair, la viande ovine, les fruits et légumes, voient leur déficit augmenter d’année en année. Les excédents diminuent sensiblement dans des filières comme les produits laitiers, les viandes viande bovine et porcines, les céréales et le vin après des années de prix trop bas payés aux producteurs. Grâce à la contractualisation, la filière des œufs de poule semble mieux résister.