NATIONS UNIES, 29 nov (IPS) – La crise humanitaire au Soudan continue de s’aggraver en raison de la guerre civile soudanaise en cours. L’intensification du conflit entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) a conduit à une insécurité alimentaire généralisée, de nombreuses organisations humanitaires exprimant leur inquiétude quant au fait que la famine soit utilisée comme méthode de guerre. En outre, l’intensification de la violence a causé des pertes civiles considérables.
Selon une déclaration de l’International Rescue Committee (IRC), la guerre civile a provoqué le déplacement de plus de 11 millions de personnes, devenant ainsi l’une des plus grandes crises de déplacement au monde. Les informations faisant état de violations généralisées du droit international humanitaire ont considérablement entravé les efforts de secours, aggravant ainsi la crise alimentaire préexistante.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré le Soudan en état d’urgence en raison de la famine. Au total, 25,6 millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë, selon la Classification intégrée des phases de sécurité alimentaire (IPC).
La famine est plus concentrée dans le camp de réfugiés de Zamzam, actuellement l’un des abris pour personnes déplacées le plus grand et le plus peuplé du Soudan. « Les familles de Zamzam ont recours à des mesures extrêmes pour survivre en raison de la rareté de la nourriture. Ils mangent des coquilles de cacahuètes écrasées qui sont généralement utilisées pour nourrir les animaux – et dans tout le camp, les parents pleurent la mort d’enfants souffrant de malnutrition », a déclaré Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général des Nations Unies (ONU).
De plus, les soupes populaires à travers le Soudan ont été fermées massivement en raison d’un grave sous-financement et d’un manque d’aide humanitaire. Jan Egeland, chef du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), a parlé aux journalistes de l’ampleur des souffrances au Soudan dues à la famine, estimant que la famine est utilisée comme méthode de guerre par les parties belligérantes. « C’est une opération sous-financée, même s’il s’agit de la plus grande urgence au monde. La guerre s’arrêtera lorsque ces chefs de guerre estimeront qu’ils ont plus à perdre en poursuivant les combats qu’en agissant de manière sensée », a-t-il déclaré.
Une étude réalisée en novembre par le Groupe de recherche sur le Soudan de la London School of Hygiene and Tropical Medicine indique que le nombre total de morts a considérablement augmenté à la suite du conflit armé au Soudan. Le rapport estime qu’entre avril 2023 et juin 2024, plus de 61 000 personnes sont mortes dans l’État de Khartoum, soit une augmentation de 50 % par rapport au taux de mortalité d’avant-guerre.
On estime également que 26 000 décès sont le résultat direct de la violence, la famine et la maladie devenant des causes de décès de plus en plus courantes à Khartoum. Selon le rapport, le nombre total de morts pourrait dépasser de loin ces chiffres, car environ 90 pour cent de tous les décès au Soudan ne sont pas signalés.
Outre les dégâts causés par les deux parties belligérantes, des groupes armés plus petits ont participé à des pillages et à des attaques. « Les partis détruisent leurs propres maisons, ils massacrent leur propre peuple », a déclaré Egeland.
Les organisations humanitaires ont exprimé leur inquiétude face à l’escalade de la violence observée au cours des derniers mois. Alice Wairimu Nderitu, conseillère spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du génocide, prédit que le Soudan pourrait connaître un « génocide à la manière du Rwanda » sur la base des circonstances actuelles. Nderitu a également ajouté que des cas de nettoyage ethnique ont été signalés à El Fasher.
Le 26 novembre, le PAM a annoncé qu’il allait intensifier son aide dans les régions du Soudan les plus touchées par la famine, suite à l’autorisation accordée par le gouvernement soudanais d’utiliser le poste frontière d’Adre.
“Au total, les camions transporteront environ 17 500 tonnes d’aide alimentaire, soit suffisamment pour nourrir 1,5 million de personnes pendant un mois”, a déclaré le PAM. La porte-parole du Soudan, Leni Kinzli.
Cependant, en raison de la violence omniprésente et de l’ampleur globale des besoins urgents, des fonds supplémentaires sont absolument nécessaires pour atténuer l’aggravation de la crise humanitaire. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), environ 25 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, ce qui équivaut à près de la moitié de la population totale. Le Plan de réponse humanitaire de l’ONU pour 2024 prévoit 2,7 milliards de dollars pour fournir une aide vitale à plus de 14 millions de personnes touchées. L’ONU appelle à un soutien continu des donateurs, car seuls 56 pour cent des fonds requis ont été collectés.
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