C’est un baissé de rideau brutal. Les magasins Kaporal ont été contraints à la fermeture à la suite du placement en liquidation, avec effet immédiat, de l’entreprise de prêt-à-porter par le tribunal de commerce de Marseille. Un jugement communiqué jeudi 27 mars, qui a entraîné la suppression de 280 emplois en fin de semaine dernière. « Fermeture définitive. Merci pour votre confiance et votre soutien. À bientôt, ici ou ailleurs », arbore le site de vente en ligne de la marque depuis samedi.
Le spécialiste du Denim avait sollicité « l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire avec demande de poursuite d’activité » pour « créer les meilleures conditions à un projet de reprise », a expliqué la direction dans un communiqué. Dans son délibéré, le tribunal de commerce n’a pas suivi cette demande, mettant à l’arrêt « contre toute attente (…) l’activité de la société », déplore le groupe, dont le siège social est à Marseille.
Tentative de relance en 2023
Kaporal avait été créée en 2004 par une famille marseillaise déjà spécialisée dans le jean. Au sortir du Covid, l’enseigne, sous une précédente direction, avait demandé en mars 2023 son placement en redressement judiciaire pour faire face à « des difficultés économiques sans précédent ».
Un plan de reprise par trois cadres du groupe avait été retenu en juillet 2023 par le tribunal de commerce de Marseille. Le plan de continuation pour Kaporal Store prévoyait la reprise de 78 magasins sur 85 et de 395 collaborateurs sur 434.
Depuis, « les équipes ont travaillé sans relâche pour redresser l’entreprise » et ont fourni « deux années de travail acharné et de transformation profonde », a souligné la direction dans son communiqué. « Malheureusement, les défis économiques actuels rendent la poursuite de ce travail impossible dans le cadre actuel », conclut-elle.
Concurrence de la « fast fashion »
Kaporal rejoint ainsi la longue liste des chaînes de prêt-à-porter ayant été liquidées depuis le Covid : Camaïeu, Kookaï, Gap France, Don’t Call me Jennyfer, André, San Marina, Minelli, Pimkie, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, IKKS, Esprit…
Des marques prises dans un cocktail détonnant de difficultés : pandémie, inflation, hausse des prix de l’énergie, des matières premières, des loyers et des salaires et concurrence de l’« hyper fast fashion », avec Shein ou Temu, géants du commerce en ligne chinois auxquels il faut désormais ajouter la place de marché TikTok Shop en plus d’Amazon.
En 2023, année noire pour le secteur du commerce de l’habillement et de la chaussure, au moins 4 000 suppressions de postes avaient été enregistrées par la fédération patronale de l’Alliance du commerce, qui comptabilisait alors 37 000 pertes d’emploi en dix ans. Selon les chiffres du cabinet Altares, 1 130 distributeurs de mode avaient été placés en redressement judiciaire en 2023 (+51,3 % par rapport à 2022).
Son étude défaillances et sauvegardes des entreprises au troisième trimestre 2024 se voulait plus optimiste : « Après plusieurs mois difficiles notamment en raison de la forte inflation, les activités à destination du consommateur telles le commerce de détail (…) connaissent une situation plus favorable ». Il n’en reste pas moins que la filiale française du néerlandais C & A a annoncé mi-mars un nouveau plan menaçant plus de 300 emplois.
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