La CFE-CGC type largement renforcée des élections professionnelles dans les industries électriques et gazières (IEG). Si les résultats restent à consolider, le syndicat des cadres arrive pour la première fois en tête à EDF-SA (33,08 %, + 4,48) et GRTgaz (37,78 %, + 3,22). « Nous refusons d’être assignés comme un syndicat réformiste, ni comme des contestataires par nature. Notre syndicalisme est responsable, ce qui suscite la confiance de nos salariés », mesure Alexandre Grillat (CFE énergies).
Du côté de la CGT, cette séquence électorale confirme le recul de la fédération mines-énergie (FNME), entamé depuis vingt ans. Pour son secrétaire général adjoint, Fabrice Coudour, « la CGT devra entendre le message envoyé par les salariés des IEG, en restant fidèle à ses valeurs ».
« La FNME-CGT a été de toutes les batailles et a impulsé les mobilisations intersyndicales. Nous sommes exigeants dans les négociations pour maintenir les circumstances de travail et les droits des salariés. Ces résultats ne sont pas forcément en cohérence avec notre engagement au quotidien », poursuit le dirigeant cégétiste.
À EDF-SA, la CGT recule de 3,86 factors, avec 30,31 % des voix. À Enedis, avec 41,98 %, la CGT reste en tête mais enregistre un retrait de 4,57 factors. Cependant, sur l’ensemble de la branche, la FNME demeure la première organisation syndicale, selon les décomptes cégétistes.
« Syndicalisme catégoriel »
Pour Stéphane Sirot, « ces résultats sont les conséquences du démantèlement du service public, qui avait aussi pour however de déconstruire le syndicalisme CGT ». L’historien des mouvements sociaux poursuit : « L’ouverture à la concurrence s’est accompagnée d’une déconstruction profonde des identités professionnelles. Or, la pressure de la CGT était de forger une identité professionnelle chez les énergéticiens pour rassembler autour d’elle. »
Autre piste d’explication, la montée en qualification des salariés, notamment à EDF, où des métiers d’exécution ont pu être transférés vers RTE ou Enedis. Or, « les personnels de l’encadrement, techniciens et cadres se tournent plus naturellement vers un syndicalisme catégoriel comme celui de la CFE-CGC », précise Stéphane Sirot.
« Notre syndicalisme de transformation sociale peut paraître, pour certains, utopiste, quand le syndicalisme d’accompagnement semble plus atteignable », s’interroge Fabrice Coudour. Fin 2022, la mobilisation sur les salaires avait débouché sur des augmentations mensuelles de 200 euros, revendication portée par la FNME, dans la plupart des entreprises de la branche.
Après la réforme des retraites, actant la fin du régime spécial de la branche pour les nouveaux arrivés, ces élections se sont déroulées dans un contexte de répression antisyndicale. Plus de 400 plaintes ont été déposées dans les IEG, inquiétant de nombreux militants de la FNME, dont son secrétaire général Sébastien Ménesplier.
« La stratégie de répression des Robins des bois, dont les actions étaient approuvées par l’opinion publique, a peut-être orienté, malheureusement par peur, un sure nombre de salariés vers d’autres organisations », constate Fabrice Coudour. Et le cégétiste de conclure : « Les libéraux avaient pour objectif preliminary, comme pour les cheminots, de supprimer la totalité du statut des énergéticiens. Ce dernier demeure. La bataille menée n’y est pas pour rien. »