Les appels au calme des organisations indépendantistes n’auront pas suffi. Après un apaisement relatif en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, les multiples provocations et tentatives d’intimidations de l’État français ont conduit à une nouvelle nuit de violences et de tension dans le territoire. « La nuit a été agitée et marquée par des troubles sur l’ensemble de la grande terre (l’île principale, N.D.L.R.), sur l’île des Pins et Maré, nécessitant l’intervention de nombreux renforts : prises à partie des forces de l’ordre, incendies volontaires et barrages », a indiqué lundi 24 juin dans un communiqué le Haut-commissariat, représentant de l’État français en Nouvelle-Calédonie.
Ce regain de tension intervient après le transfert en métropole, dans la nuit de samedi à dimanche, de plusieurs figures indépendantistes calédoniennes, dont Christian Tein, le chef de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), arrêtés le 19 juin. Ils sont suspectés d’avoir orchestré les émeutes qui ont eu lieu sur « le caillou » en réaction à la réforme du dégel du corps électoral.
Une décision judiciaire « qui rappelle la pratique colonialiste »
En métropole, plusieurs organisations, dont le Mouvement Kanak en France et le collectif Solidarité Kanaky, appellent à « manifester sans haine et sans violence, mais résolument pour l’indépendance » devant les lieux dans lesquels ont été transférés les leaders du CCAT arrêtés. Le communiqué dénonce « la politique répressive de l’État français » et une « décision judiciaire de déportation prise sur des fondements politiques, qui rappelle la pratique colonialiste des institutions françaises en Kanaky ». Déjà dimanche 23 juin dans la soirée plusieurs dizaines de manifestants se sont réunies près du ministère de la Justice à Paris, demandant la libération des prisonniers et dénonçant leur transfert en France.
Pour justifier cette décision, le procureur de la République Yves Dupas explique que cette mesure doit « permettre la poursuite des investigations de manière sereine, hors de toute pression ou concertation frauduleuse ». « Tout était décidé à l’avance avec l’avion les attendant ; c’est une parodie de justice », fustige la commission politique et citoyenneté du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) et Nationalistes. « La déportation carcérale en métropole (…), vieille méthode de pacification coloniale, est scandaleuse ! », renchérit de son côté l’historien Fabrice Riceputi, chercheur associé à l’Institut d’histoire du temps présent et spécialiste, entre autres, de l’histoire coloniale.
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