Avis de Winnie Byanyima (Genève, Suisse)Vendredi 1er mars 2024Inter Press ServiceL’auteur est directeur exécutif de l’ONUSIDA et secrétaire général adjoint des Nations Unies. L’article d’opinion suivant fait partie d’une série marquant la Journée internationale de la femme, le 8 mars.
GENÈVE, Suisse, 1er mars (IPS) – Cette Journée internationale de la femme (8 mars) arrive à un moment extrêmement difficile. Nous pouvons cependant trouver l’inspiration et l’espoir chez les femmes et les filles du monde entier qui, souvent au péril de leur vie, mènent la lutte pour les droits de tous.
Aujourd’hui plus que jamais, nous devons mettre nos énergies et nos ressources au service de leur courage. Nous sommes confrontés à une attaque mondiale sans précédent et bien financée contre les droits de l’homme et en particulier contre les droits des femmes. Des progrès durement acquis sont en péril. Ce ne sont pas seulement les engagements pris dans les objectifs de développement durable pour 2030 qui sont menacés. C’est tout ce que nous avons gagné depuis 1945.
Comment pouvons-nous résister à cette réticence ? Comment pouvons-nous garantir que nos filles puissent vivre dans un monde plus doux et plus sûr, dans lequel leurs droits sont défendus et respectés ? Comment pouvons-nous garantir que les femmes et les filles sont incluses dans l’élaboration des politiques qui affectent leur vie ?
Premièrement, nous devons approfondir notre compréhension de ce recul des droits de l’homme et de la démocratie.
La démocratie est menacée lorsque les inégalités se creusent. Aujourd’hui, de plus en plus de richesses sont concentrées entre les mains de quelques hommes. Les cinq milliardaires les plus riches du monde ont doublé leur fortune depuis 2020 – tandis que cinq milliards de personnes se sont appauvries.
À l’échelle mondiale, les hommes possèdent 105 000 milliards de dollars de richesse de plus que les femmes. Et les pays les plus pauvres du monde sont contraints de réduire leurs dépenses publiques en raison de la crise de la dette, qui touche particulièrement les femmes et les filles des communautés pauvres.
Le monde est très loin d’atteindre les objectifs de genre fixés dans les objectifs de développement durable en raison, comme le conclut ONU Femmes, de « préjugés profondément enracinés à l’égard des femmes, se manifestant par un accès inégal à la santé sexuelle et reproductive, une représentation politique inégale, des disparités économiques et un manque de protection juridique. Comme l’a insisté le Secrétaire général de l’ONU, il est nécessaire de « démanteler et transformer les structures de pouvoir qui discriminent à l’égard des femmes et des filles ».
Nous devons lutter contre l’inégalité d’accès à l’éducation et à l’information. Lorsque 122 millions de nos filles ne sont toujours pas scolarisées et que même les millions de celles qui vont à l’école se voient refuser des informations vitales sur la manière de se protéger du VIH, tout le monde est perdant.
Nous devons remettre en question le mensonge selon lequel les droits des femmes portent atteinte à la culture et aux traditions.
Et nous devons résolument affronter la campagne impitoyable coordonnée à l’échelle mondiale visant à punir les gens pour ce qu’ils sont et pour ce qu’ils aiment. Nous devons placer les droits humains de chaque personne au centre de tous nos efforts de développement, tout comme nous le faisons dans le mouvement contre le sida depuis des décennies. Car pour protéger le bien-être de chacun, la santé de chacun, nous devons protéger les droits de chacun.
Les progrès nécessitent un approfondissement du multilatéralisme et un soutien accru à la société civile. Il est donc inquiétant de voir des pays, y compris occidentaux, revenir sur leurs engagements internationaux en matière de développement et de droits de l’homme. Et il est inquiétant de constater que seulement 1 % de toute l’aide destinée à l’égalité des sexes parvient aux organisations de femmes et de filles.
Nous ne pleurons pas, mais nous nous organisons. Nous pouvons garder espoir car nous avons déjà gagné et nous le pouvons encore. Pour ce faire, nous devons nous rappeler que l’espoir n’est pas un optimisme vain. Il est actif. Nous gagnerons ensemble, grâce à une action collaborative déterminée.
C’est ainsi que nous avons obtenu le droit de vote. C’est ainsi que nous avons ouvert les portes des parlements et des conseils d’administration des entreprises. C’est ainsi que nous avons réduit l’écart entre les garçons et les filles dans l’éducation de base. C’est ainsi que l’on a progressé dans l’abandon des anciennes lois punitives coloniales qui criminalisaient les personnes LGBTQ, de sorte qu’aujourd’hui les deux tiers des pays ne criminalisent plus. C’est ainsi que nous avons fait progresser les droits des personnes vivant avec le VIH, les trois quarts des personnes vivant avec le VIH étant désormais sous traitement.
Nous ne pouvons pas abandonner ou ralentir ce chemin inachevé vers le progrès, ni reculer parce que les opposants au progrès sont bien organisés. Les enjeux sont trop importants, les risques si nous agissons avec manque ou courage sont trop grands, les coûts d’une action insuffisante sont inabordables.
C’est un moment qui appelle à un soutien inébranlable aux femmes et aux filles en première ligne, ainsi qu’à des alliances intersectionnelles pour défendre les droits humains de chacun. Nous devons renforcer la main de ceux dont la vie est la plus touchée par le déni des droits. L’ONU est claire : nous ne sommes pas seulement du côté des défenseurs des droits en première ligne ; nous sommes à leurs côtés.
IPS UN Bureau
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