Secrétaire d’État aux Anciens Combattants depuis 2022, l’Héraultaise Patricia Miralles a quitté le gouvernement avec la nomination de Michel Barnier à Matignon. Elle se confie sur ces deux années et esquisse la suite.
La nomination de Michel Barnier marque la fin de votre aventure au gouvernement. Que retenez-vous de ces deux années ?
À titre personnel, d’abord, je réalise la chance que j’ai eue de servir l’État au plus haut niveau. Je n’ai pas le bac, j’ai commencé à travailler à 18 ans, mais par l’éducation que j’ai reçue, par mon travail, par mon engagement et parce que certains ont cru en moi, j’ai pu accéder à cette fonction. J’aimerais être un exemple pour ceux qui sortent de ces quartiers populaires, des milieux défavorisés. Je retiens aussi que si c’est facile de faire de la politique entre copains, en pensant qu’on peut toujours faire mieux, c’est loin d’être la réalité quand on touche d’aussi près ces fonctions. J’ai dû me battre pour obtenir un budget et je suis fière d’avoir réussi à le maintenir lors des arbitrages. Cela m’a permis d’œuvrer pour les harkis, pour les veuves des militaires, pour les anciens combattants. Et pour les militaires blessés dont on a considérablement amélioré l’encadrement, notamment sur le syndrome post-traumatique. C’est mon seul regret, j’aurais aimé poursuivre ce travail-là.
Vous êtes donc satisfaite de votre bilan ?
J’ai en tout cas reçu beaucoup de messages du monde combattant me disant que j’ai réussi à révolutionner ce secrétariat d’État sur lequel on ne porte pas, hélas, toute l’attention qu’il mérite. C’est aussi le ministère de la transmission, de la Mémoire et c’est important pour faire société de connaître son histoire, celle de son pays. J’aurais d’ailleurs aimé avoir le temps de renforcer ce travail avec l’Éducation nationale, amener plus de jeunes sur les lieux de Mémoire par exemple.
L’année 2024 a été intense en matière de Mémoire…
Organiser les 80 ans de la Libération, c’était extraordinaire. J’ai vécu des moments magiques, bouleversants parfois, lors des rencontres avec les anciens. Le choix de délocaliser des cérémonies a permis de créer partout une ferveur, y compris autour du Président de la République, loin de l’image impopulaire qu’on lui prête.
Quelle relation avez-vous eue avec Emmanuel Macron ?
J’ai souvent entendu, comme un reproche, que j’étais proche du Président. Mais je l’assume. Je suis quelqu’un de fidèle, comme je l’ai été avec Georges Frêche ou Philippe Saurel. Je resterai loyal à l’homme et à sa politique. Je regrette d’ailleurs qu’il ne soit pas toujours compris. On le dit isolé, c’est faux. Il a une capacité d’écoute, y compris des personnes simples, comme moi, qui viennent du terrain.
On peut être loyal et ne pas être d’accord sur tout. Y a-t-il certains de ses choix que vous regrettez ?
Si je dois regretter une chose, c’est qu’il n’a pas su, mais comme nous tous, faire vivre la ferveur des débuts de 2016, celle d’En Marche. Le nouveau monde a vite été rattrapé. Comme dans tout parti, on s’est retrouvé avec des gens venus servir leur propre intérêt avant l’intérêt général. Le mouvement qu’a inventé Emmanuel Macron ne l’a absolument pas servi.
Le parti n’est-il pas mort avec la dissolution ?
Je ne crois pas. En qualité de présidente départementale, je vais en tout cas m’employer à rassembler celles et ceux qui croient à un centre fort, un véritable front républicain qui refuse les extrêmes. On a quelque chose à construire et je suis prête aussi à m’engager au niveau national. J’espère que Gabriel Attal et Élisabeth Borne (qui briguent tous deux la présidence du parti, NDLR) arriveront à s’entendre pour proposer une équipe commune.
Vous préparez aussi une éventuelle nouvelle législative anticipée afin de reconquérir votre siège de députée laissé en juin ?
Honnêtement, je ne l’espère pas car je souhaite à Michel Barnier de réussir dans l’intérêt des Français. Et s’il y a dissolution, je réfléchirai à ce moment-là, tout dépendra du contexte.Vous êtes élue d’opposition à Montpellier. Vous allez vous recentrer sur la ville ?Je vais tenir le rôle que le maire semble m’avoir attribué en faisant campagne pour LFI lors des législatives, celui d’adversaire. En tenant des tracts du Nouveau Front Populaire, il a perdu ses valeurs républicaines, celles que j’ai partagées avec lui un temps. Il y a, de plus, une petite musique qui monte, sur l’insatisfaction de sa politique. Michel Barnier a dit dans son discours de politique générale, “réduire les dépenses, c’est renoncer à l’argent magique, à l’illusion du tout gratuit, à la tentation de tout subventionner”. Cette phrase résonne particulièrement ici.
Vous serez donc candidate à Montpellier en 2026 ?
Beaucoup me le demandent, mais on ne se lève pas un matin en disant “je veux y aller”. Il faut travailler et voir quelle est la personne qui sera le plus à même de pouvoir orienter Montpellier différemment.
Que va faire désormais l’ancienne ministre ?
C’est une question à laquelle je vais devoir vite répondre car les anciens ministres ne perçoivent que trois mois d’indemnités et je ne suis pas assez âgée pour prétendre à la retraite (rires). J’espère en tout cas continuer à servir, comme je l’ai fait depuis 39 ans avec mes différents métiers ou mes mandats successifs.