Deauville (Calvados), envoyée spéciale.
Aux premières lueurs de l’aube, quelques mamans et leurs enfants sont assis sur les marches d’un logement social d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. À chaque nouvelle arrivante, elles se saluent : « Ça va ma belle ? », « Oh ! elle a grandi, Nermine ! » Emmitouflés dans des plaids, des pulls et des doudounes, presque tous portent pourtant des sandales et des tongs, un gros sac sur le dos. Car aujourd’hui, ils vont à Deauville, dans le Calvados, voir la mer.
Un enfant sur trois ne part pas en vacances
Pour la « journée des oubliés des vacances », le Secours Populaire français propose à près de 3 500 enfants d’Île-de-France de partir à la plage. Trop excités, certains avouent qu’ils n’ont pas dormi de la nuit. Les yeux encore collés, Hélène (1), retraitée, rigole : « Cela fait cinq ou six ans que je les accompagne, je n’ai pas les moyens de partir. Moi-même, je n’avais jamais été à la mer, alors la première fois, j’étais émerveillée comme les enfants, je faisais des châteaux de sable ! »
Fathi et Annick, les deux responsables du groupe, font l’appel. À l’approche du départ, Mamedirra, demandeuse d’emploi, regrette de ne pas venir : « Ça fait longtemps que je ne me suis pas baignée, depuis qu’on est partis à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), l’année dernière… » Ses enfants, Racky, 10 ans, et Lamine, 8 ans, la serrent fort dans leurs bras avant de monter dans le car, direction la Normandie.
Pendant qu’on roule, Ilyas feuillette un livre de « comptines du monde entier ». Il fredonne l’une d’entre elles originaire du Congo, l’index glissant sur les mots en lingala. Comme lui, chaque enfant « oublié des vacances » a reçu un ouvrage de la part des éditions Rue du monde, une maison indépendante.