Ils aiment profondément leur métier, mais n’ont plus de joie à le pratiquer au sein de la Sauvegarde 93, association basée en Seine-Saint-Denis. Dès 2019, les travailleurs, qui accompagnent plusieurs milliers d’enfants et adolescents en difficulté, alertent sur leurs conditions de travail, mettant en péril leur santé physique et psychique.
Peu de réponses leur sont apportées, selon eux. En 2021, le CSE (comité social et économique) fait une demande d’expertise pour risques psychosociaux, réalisée deux ans plus tard. Dans une lettre de l’inspection du travail, datée d’avril 2023, à destination de la direction de la Sauvegarde 93 que l’Humanité a pu se procurer, il est mentionné : « Vous avez indiqué que le conseil d’administration via la direction sollicitait une médiation sur l’expertise risque grave votée en novembre 2021. Expertise que vous avez contestée. »
En 2022, le tribunal de Bobigny juge justifiée la demande d’expertise du CSE. Cette expertise intermédiaire, commencée en 2023, n’est pas terminée, des éléments manquant au dossier. Cependant, les premiers témoignages démontrent une grande souffrance chez une large partie des salariés.
Un turn-over pesant
L’expertise menée par Progexa sur les risques psychosociaux démontre un turn-over important au sein de l’association, à tous niveaux. « En six ans, la Sauvegarde 93 a connu en moyenne 1,2 directeur par an », expliquent les experts rapidement, mentionnant la recherche de cinq directeurs de service au moment de l’expertise.