Emmanuel Macron a esquivé une fois de plus le rendez-vous traditionnel du 14 Juillet avec la presse. Depuis qu’il est en poste à l’Élysée, le président de la République n’a honoré ce tête-à-tête médiatique, instauré en 1978 par Valéry Giscard d’Estaing, qu’à deux reprises : en 2020 en pleine crise liée à la pandémie de Covid-19 et en 2022 quelques mois après l’invasion de l’Ukraine par les forces armées russes. Isolé depuis sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, il ne répond pas davantage présent au rendez-vous télévisuel cette année.
C’est uniquement devant les forces armées, à l’hôtel de Brienne, que le chef de l’État s’est exprimé, samedi 13 juillet, au cours d’une courte allocution pendant laquelle il a notamment estimé nécessaire un « ajustement de la programmation militaire pour 2025 », justifié en raison du « rapprochement des menaces » que représente la guerre en Ukraine. Un ajustement, et non « une remise à plat », a tenu a précisé Emmanuel Macron, qui se traduira par le doublement du budget de la défense.
Le parti macroniste en crise
De retour du sommet de l’Otan à Washington, au cours duquel il a tenu à ne pas aborder les questions de politique intérieure, le chef de l’État a ainsi poursuivi sa séquence consacrée aux questions de défense, renouvelant au cours de son discours son soutien à l’Ukraine et se défendant de pratiquer « un double standard » concernant les massacres en cours de l’armée israélienne dans la bande de Gaza.
Le discours du locataire de l’Élysée a été accueilli avec peu d’enthousiasme par l’auditoire présent, selon l’Opinion, tandis que le premier ministre, Gabriel Attal, s’offrait de son côté un bain de foule.
Une scène qui ne va pas contribuer à dégeler les relations entre les deux hommes, en froid depuis le choix du président de la République d’opter pour la dissolution du Parlement.
Quelques heures avant le discours d’Emmanuel Macron au ministère des Armées, Gabriel Attal a été élu président du groupe Renaissance au Parlement, au cours d’une élection sans suspens où il était le seul candidat. Le premier ministre prépare ainsi l’après-Matignon, loin de l’Élysée, et remettra (de nouveau) sa démission mardi 16 juillet, selon une information du journal la Tribune dimanche.
L’élection de Gabriel Attal à la tête du groupe cache toutefois mal la crise qui touche le parti macroniste. Les voix discordantes se sont multipliées ces dernières semaines, critiquant le choix du chef de l’État de dissoudre ou remettant en cause la stratégie électorale adoptée par le parti centriste.
Depuis le second tour des élections législatives et l’arrivée du Nouveau Front populaire en tête des résultats, seule la lettre aux Français rendue publique le 10 juillet avait rompu le silence en vigueur du côté de l’Élysée. Censé apaiser la situation, le courrier du chef de l’État, qui considère que « personne n’a remporté » les élections, a surtout ravivé les tensions.
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, avait réagi dans la foulée, dénonçant une « forme de déni » du président et déplorant que celui-ci « ne respecte pas le suffrage » des Français.
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