C’est peu de dire qu’ils étaient attendus au tournant. Après plus d’une semaine de procès en « irréalisme économique » orchestré par les opposants politiques et une partie des médias, les représentants du Nouveau Front populaire (NFP) ont livré, ce vendredi 21 juin face aux médias, un chiffrage de leur programme – dépenses et recettes -, selon un découpage en trois séquences temporelles.
En présence de trois économistes,- Julia Cagé, Eric Berr, Laurent Eloi – qui ont apporté leur décryptage sur les propositions macroéconomiques déclinées par Ian Brossat (sénateur communiste), Éric Coquerel (président LFI de la Commission des finances de l’Assemblée nationale) Éva Sas (députée écologiste membre de la Commission des finances) et Alexandre Ouizille (sénateur socialiste).
Au cœur de ce programme économique : « une rupture tranquille » avec le paradigme macroniste qui a conduit, selon les propos de Ian Brossat, à « une dégradation sans précédent des finances » (avec un déficit passant de 2,3 % du PIB en 2018 à 5,5 % en 2023) et la volonté de « repositionner l’État comme un acteur de la redistribution sociale », à même d’orienter l’économie vers un cercle vertueux.
1. En 2024, 25 milliards d’euros de dépenses pour l’urgence sociale compensées par 25 milliards de recettes
➤ Les mesures prioritaires
Smic rehaussé à 1 600 euros nets, soit une hausse de 14 %, augmentation de 10 % du point d’indice pour les fonctionnaires, augmentation des APL de 10 %, gratuité des cantines scolaires, abrogation de la réforme des retraites et de l’assurance chômage…
Jusqu’à décembre 2024, les mesures proposées par le NFP s’attaqueront de front à la question du pouvoir d’achat-une priorité absolue selon Éva Sas. Autant de mesures qui permettraient de « stimuler la consommation, la commande publique et faciliter le recrutement des salariés ».
Aux chefs de PME et de TPE, qui craignent de ne pouvoir supporter ces dépenses supplémentaires, Éva Sas promet des mesures d’accompagnement financier, notamment des dispositifs d’avances à 0 %.
➤ Les recettes : 30 milliards puisés dans « l’argent oisif et improductif », ISF et imposition des superprofits
Le NFP, qui revendique une rupture avec la politique macroniste de désarmement fiscal, financera ces mesures d’urgence à travers un rétablissement de l’Impôt sur la fortune (ISF), avec une composante climatique, qui apporterait des recettes estimées à 15 milliards d’euros. Est également prévue une imposition des superprofits, mesure réclamée « en vain depuis des années au Parlement » par la gauche, a déploré Éric Coquerel. Cette mise à contribution apporterait également 15 milliards d’euros, selon les calculs du NFP.
2. En 2025 : 100 milliards d’euros pour la reconstruction et la bifurcation
➤ Le principe de la démarche : le partage des richesses
Il s’agit pour le NFP de faire en sorte que, selon les propos d’Éric Coquerel, « la grande migration du travail vers le capital non investi, le capital non actionnarial, celui des dividendes, reparte vers les revenus du travail. ». Il s’agit également de récupérer, selon cette stratégie, « les recettes sur les cadeaux fiscaux les plus importants faits aux grandes fortunes sous le septennat d’Emmanuel Macron ».
Ces mesures n’affecteraient pas la fiscalité d’une grande majorité de Français, selon le député, qui estime que 92 % d’entre eux ne verraient aucune différence sur leur avis d’imposition.
➤ Les mesures prioritaires
Les mesures mises en place devront répondre aux besoins de la population en termes d’éducation (avec l’ambition de rejoindre la moyenne de l’OCDE de 19 élèves par classe), de santé (revalorisation des métiers et des salaires dans le milieu du médico-social, plan pluriannuel de recrutement) et d’écologie (intensification de la rénovation thermique).
➤ Les recettes
100 milliards d’euros, récupérés à la faveur de la suppression des « niches fiscales injustes », des impôts sur les plus hauts patrimoines, la mise en place d’un barème de quatorze tranches d’impôts, la suppression de la Flat tax, « cadeau offert par Macron aux plus riches détenteurs du capital, qui ont augmenté leurs revenus à travers les rachats de dividendes ».
3. En 2025 et 2027 : 150 milliards d’euros pour « une transformation en profondeur »
➤ Les mesures prioritaires
Elles toucheront les quartiers populaires, les populations rurales, la culture, le sport, la planification écologique, « maître-mot de l’État stratège ». Pendant cette période, le NFP s’attaquera à la question du transport ferroviaire et au fret, pour garantir l’accès aux services publics pour « toutes les petites villes, les zones rurales qui en sont dépourvues ».
Un soutien sera, en outre, apporté à la filière biologie et agroécologie. Sera aussi adoptée « une loi intégrale pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles ». Le NFP annonce aussi son projet de porter le budget de la culture à 1 %.
➤ Les recettes
150 milliards d’euros apportés par les résultats des mesures fiscales des années précédentes et complétées par un renforcement de la taxe sur les transactions financières, l’impôt Zucman, « qui permet en fonction du chiffre d’affaires d’une multinationale en France de rectifier le chiffre d’affaires déclaré ».
Le NFP annonce enfin prévoir, pendant cette période, l’ouverture d’une concertation avec les partenaires sociaux pour ouvrir la voie à une réforme de la retraite qui passerait à 60 ans.
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